Cette lente et passionnante traversée du Vietnam du sud au nord promettait de finir en apothéose, avec la visite de régions montagneuses frontalières à la Chine, peuplées de minorités ethniques.
Nous avions prévu d'y rester deux semaines : une semaine pour faire la "loop" (boucle) au départ de Ha Giang en moto, puis une semaine autour de Sapa avec grimpette du Fansipan, plus haut sommet du pays. C'est donc avec enthousiasme que nous quittons une capitale bruyante et surpeuplée pour des contrées plus sauvages.
Après un trajet éprouvant, nous arrivons en pleine nuit dans le petit village de Ha Thanh, où nous avions réservé un lit dans un homestay. Situé à 6 kilomètres de la ville de Ha Giang, il comprend environ 100 maisons où vivent près de 500 personnes appartenant à l'une des 53 minorités ethniques du pays, les Tay.
L'endroit semble rustique : perchés à l'étage d'une maison de bois sur pilotis, on cohabite presque avec les buffles, poulets, porcs, canards, chiens et chats. Et comme toutes les demeures de l'ethnie Tay, celle ci n'a pas de murs. Les "chambres" se composent d'une paillasse à même le sol (un matelas dur pour nous), entourée de rideaux. Qu'importe, une fois sous la moustiquaire on oublie les insectes et, bercés par les doux grognements des cochons, on s'endort sereins.
Bon, ce n'est pas la meilleure nuit qu'on ait passée, je vous l'accorde. En revanche, c'est sûrement le réveil le plus mémorable de l'histoire des réveils mémorables, et je pèse mes mots. Pas grâce à ce con de coq qui s'est époumoné jusqu'à nous tirer du lit à 6h du mat, non, c'est plutôt la découverte de la vue depuis la terrasse qui nous a fait l'effet dune claque, la douleur en moins. "Breathtaking" comme on dit outre pacifique.
Perchés sur une dalle en béton, on est aux premières loges d'un spectacle à couper le souffle. Des ceuilleuses matinales empruntent les canaux des rizières pour se rendre aux champs, qu'on aperçoit au loin. Ça et là émerge un toit de chaume, touche de jaune au milieu du vert fluo. Sous nos pieds barbotent de gros poissons dans des bassins qu'ils partagent avec des jacinthes d'eau et juste en face, un manguier croule sous le poids de ses fruits.
1er round : Ha Thanh 1 - nous 0. Un KO devant tant de beauté.
Après un excellent repas en l'excellente compagnie de Nian, la maitresse de maison, son mari Luyen, leurs deux enfants Long et Vu, et la grand mère, on délibère rapidement. On avait déjà renoncé au Myanmar pour un mois de plus au Vietnam, ce sont maintenant les Philippines qui passent à la trappe. Ça sera pour une prochaine fois ! Reste plus qu'à retourner à Hanoi pour tenter de prolonger le visa vietnamien d'un troisième mois, ce qui permettrait de revenir dans ce coin de paradis, de s'y poser une semaine ou deux, et d'avoir plus de temps pour explorer le nord du pays.
Vivement le deuxième round !!
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Après un passage infructueux au bureau de l'immigration d'Hanoi et la visite de 2 agences de voyage privées habilitées à délivrer des visas (lol) moyennant des coûts différents (re lol), nous recevons 3 jours plus tard une réponse ... POSITIVE !!!!! Nous pouvons rester au Vietnam un mois de plus, jusqu'au 18 juin. Ouf de soulagement, danse de la joie, slip sur la tête ! Retour à Ha Giang juste le temps d'y louer une moto et on file pour 9 jours de road trip à travers les provinces d'Ha Giang, de Cao Bang et de Bac Kan.
Les Tay
Comme chacune des minorités ethniques du Vietnam, les Tay possèdent une identité culturelle forte.
Ils ont leur propre langue, qui ne s'apparente nullement au vietnamien (qui n'est d'ailleurs généralement pas parlé par les anciennes générations). Ce dialecte se transmet par l'oralité et ne s'écrit pas.
Les Tay vivent en groupe : souvent 3 ou 4 familles cohabitent sur une parcelle, chacune ayant sa maison. L'agrégation des différentes parcelles forme un village assez compact. Les maisons sont en bois, sur pilotis, et la toiture à 4 pans est faite de chaume ou de feuilles de latanier.
Historiquement, ils se sont établis dans les plaines et vallées fertiles du nord du pays. Ils cultivent principalement le riz, le maïs mais aussi tout un tas de fruits et légumes. Ils vivent également de l'élevage de poulets, canards et cochons, qu'ils consomment et vendent sur les marchés.
Les Tay portent des vêtements caractéristiques. Pour les femmes : une jupe longue ou un pantalon noir en lin et un chemisier noir qui se boutonne sur le devant, une sorte de bandana noir sur la tête qui cache leur longue chevelure attachée. C'est un costume sobre agrémenté par des bracelets, de belles boucles d'oreilles et un épais collier en argent en forme d'anneau. Ce sont plutôt les mères et surtout les grand mères qui s'habillent encore quotidiennement comme ça. Les plus jeunes s'habillent comme dans les villes, sauf pour les grandes occasions. Les tenues traditionnelles des hommes sont simples : pantalon et veste noire ou indigo.
La minorité éthnique Tay est la plus peuplée du pays, elle compte près de 1,5 million d'individus. C'est le deuxième groupe ethnique le plus important au Vietnam, loin derrière les Kinh aussi appelés Viet, qui sont majoritaires (87% des vietnamiens sont des Kinh). Cette proportion s'inverse dans les provinces du nord, où les Kinh ne représentent que 10% de la population, les 90% restant appartiennent à des minorités ethniques.
