En route pour la seconde étape de la loop, direction Du Gia, à quelques 60 km de Nam Dam. Bye bye joli village Dao, bien cramponnés sur notre bécane on s'envole vers des contrées plus reculées encore, peuplées par des Tay et des Hmong.
La route est sublime, elle serpente entre des gros blocs karstiques couverts d'une jungle luxuriante, puis à peine passé un col, la végétation change, sur les hautes montagnes environnantes poussent des sapins et l'air devient plus frais. A chaque virage l'angle est différent et offre aux photographes amateurs que nous sommes des prises de vues incroyables. La lumières rasante de la fin de journée met encore plus en valeur la perspective, les plans se superposent donnant une impression d'infini.
Les villages que nous traversons sont aussi très photogéniques. Les adultes travaillent aux champs, ce sont donc les enfants qui y règnent en maîtres. On n'a jamais vu autant de gamins courir derrières la moto, nous saluer enthousiastes ou jouer en bord de route. Ces gossent s'élèvent tous seuls. Les plus "grands" s'occupent des plus jeunes et portent les bébés sur leurs dos encore frêles.
Le trajet dure plus de 4h, les distances ne sont pas longues mais la route est chaotique et les pauses photos et contemplation nombreuses.
Nous arrivons à Du Gia (prononcé Zu Za) une petite heure avant la tombée de la nuit, juste le temps de faire un tour du village. Typiquement Tay, il est traversé par une rivière et bordé par des terres fertiles où poussent riz et mais.
Le petit bourg s'organise autour d'une imposante école, qui accueille les enfants du lundi au samedi, sous l'oeil bienveillant de l'oncle Ho (Mr. Ho Chi Minh).
Touristes et locaux se côtoient dans les 3 ou 4 restos ouverts qui servent les classiques bun, pho, com rang et où il est possible de déguster du tit cho (devinez de quelle viande il s'agit...un indice : wouf). Côté commerces, quelques étales de fruits et légumes complètent l'unique épicerie.
Les maisons sont principalement en dur, même si de vieilles bâtissent en bois sur pilotis persistent. Il n'y a pas vraiment d'homogénéité architecturale comme à Ha Thanh, il faut pour en observer visiter les villages alentours, plus reculés.
A quelques kilomètres en direction de l'Ouest, d'autres villages Tay plus authentiques se succèdent, entrecoupés par de grandes étendues verdoyantes. On laisse plusieurs fois la moto à l'entrée pour déambuler librement, le doigt sur le déclencheur en quête des plus beaux clichés.
En grimpant en altitude, le maïs remplace le riz et pousse même sur les pentes les plus abruptes. Chaque centimètre carré est cultivé par les Hmongs, minorité perchée sur les hauteurs. On emprunte les chemins tracés dans leurs plantations pour avoir une vue panoramique sur toute la vallée. Ici, lorsqu'on enfreint une propriété privée, on n'est pas reçu un fusil pointé mais avec du thé. Disons qu'ils ont le sens de l'hospitalité.
Remontant la rivière, nous sommes tombés sur le plus génial des terrains de jeux : une jolie cascade qui se jette dans une grande cuve, propice aux bombes et aux plats, et qui serpente vers une seconde peu profonde où l'on peut barboter tranquille. L'eau est chaude, tous les gamins des alentours en profitent. D'abord ce sont les filles qui se baignent, jouent et lavent leur immense chevelure. Puis c'est au tour des garçons de plonger, chasser au harpon et explorer les profondeurs avec leurs masques. Même les plus jeunes savent nager, et sans brassards ! On passe l'après midi avec eux, on communique avec des gestes, nos connaissances en vietnamien ne nous servent pas puisqu'ils ne parlent que leur dialecte. Pour moi c'est séance de manucure/pédicure à la craie grasse réalisée par deux petits monstres pendant que Théo rivalise avec les plus doué(e)s en ricochets. On se sent tellement bien dans ce spot de rêve qu'on y retourne le lendemain. On a amené le goûter, des mangues juteuses et des litchis qu'on partage avec deux gourmands. Pour nous remercier, ils nous offrent en exclusivité des passages du nouveau film de super héros Marvel : "naked men". C'était rigolo.
En résumé, Du Gia c'était de belles routes pour y arriver, de belles rencontres, de beaux paysages et de beaux villages.
