Après deux jours à trainer des pieds sous le soleil accablant de Cartagena (on sait, la vie est dure), on quitte le continent pour trouver refuge sur la Isla Grande parce que quand même, on est dans les Caraïbes nom de Zeus, il est temps de goûter l'eau, n'est ce pas !
La traversée se fait sans encombre : la mer est calme, on voit nos premières colonies de pélicans et pas de pirates à l'horizon.
Plus de narcos non plus sur l'île, mais d'anciens hôtels et villas en ruine, dont celle de Pablo Escobar lui-même, qui y passait du bon temps avec sa clique de mafieux. La Isla Grande était dans les années 70 et 80 le repère des riches trafiquants de drogues et d'émeraude. Aujourd'hui, une communauté 100% afro de près de 750 personnes y vit de manière permanente, essentiellement du tourisme et de la pêche. Leurs revenus sont modestes, le niveau de vie n'est pas très élevé au vu des baraques branlantes du village. Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de boulot sur l'île, le rythme est donc cool, trrrrrrès cool même, ça traine assis sur un tabouret une bière à la main aux heures chaudes, c'est à dire une bonne partie de la journée ! Ça tombe bien, on a prévu de bien glander nous aussi, on va vite se fondre dans le décors.
Arrivés en saison basse, on a eu l'embarras du choix pour nous loger. On s'est trouvé une petite chambre pas chère du tout dans le village, chez une famille de témoins de jehova adorable (si si, c'est possible). Maria et José (si si, je vous jure) se sont très bien occupés de nous, sans même tenter de nous lobotomiser le cerveau. A peine les affaires posées, on a enfilé notre maillot direction ... LA PLAYA ! Amen.
20 minutes de marche dans le village, puis à travers la jungle et la forêt de cocotiers et on y est. Sable blanc, eau turquoise, cocos fraîches, petits poissons et vols de loros, ces petits perroquets verts et rouges. On est bien Tintin, on est bien !!!!! C'est vite vu, on ne va pas partir demain. Ni après demain. Ni après après demain. Peut être dans quatre jours, et encore, c'est pas sûr. A voir.
Pourtant il n'y a pas grand chose à faire sur l'île, on le sait. Liste exhaustive des activités envisageables : baignade, sieste, masque tuba, jeu de cartes, lecture, blog, mojito, poisson frit, balade. NB : l'activité "poisson frit" se limite à poser ses fesses sur une chaise et à manger ce qu'on nous apporte. Tâchons de ne pas trop nous fatiguer.
Le premier jour donc on "visite" la playa libre. Le deuxième, aussi, avec interlude poisson frit. Le troisième, on part sur le bateau avec Guillermo, qui nous emmène plonger au dessus de la barrière de corail. C'est complètement dingue ! L'eau est limpide, chaude et nous maintient à la surface sans effort. On se laisse voguer au grès des courants, coupés de l'agitation extérieure, dans un monde parallèle. Il n'y a que nous, et des milliers de poissons sous nos pieds. Des petits, des moyens et des gros, des vilains mais surtout des très très beaux, aux couleurs éclatantes, loups solitaires ou en bancs. Moi qui ne suis pas à l'aise ailleurs que sur la terre ferme, je me sens comme un poisson dans l'eau. Un peu comme une grosse baleine oui.
Le quatrième jour ? Ben on va à la plage, quelle question ! On trouve aussi un super coin près de l'école, sans personne, une sorte de crique où se jettent des pontons privés à l'ombre, le grand luxe por bouquiner ! Le soir, on se motive enfin pour aller jusqu'à la "lagune enchantée" à l'est de l'île, pour y observer du plancton bioluminescent. Pas de chance, la lune est quasi pleine et on ne voit pas grand chose.
Bon, assez traîné, on se décide à quitter l'île le lendemain midi après un dernier plongeon. Dernières photos, avec les yeux cette fois-ci, qu'on classe dans un coin de notre tête, tiroir "réchauffe coeur" et qu'on ressortira une fois de retour en plein hiver français ... Le voyage ne dure qu'un temps, mais les souvenirs qu'on en garde sont éternels, si on en prend soin. Si seulement je rangeais ma chambre aussi consciencieusement !