Après une nuit agitée passée dans un bus couchette, nous arrivons barbouillés (route très sinueuse) et aux aurores (environ 4h30 du mat...) à Kon Tum. Bien que de plus en plus matinaux (on mature hein !), enchaîner une journée de visite paraissait totalement irresponsable (physiquement impossible pour moi qui ai besoin de mes 8heures de sommeil, sans quoi je peux devenir très très ronchon avec mon entourage, donc avec Théo). Nous attendons patiemment une heure raisonnable pour contacter Man, un couchsurfer, qui a gentiment proposé de nous trouver un endroit pas cher ou dormir, de passer la journée avec lui et nous faire visiter les alentours.
Pour ceux qui ne connaissent pas, couchsurfing est une plateforme internet qui permet à des voyageurs (comme nous) de contacter des locaux qui proposent un hébergement gratuit ou d'autres types de services du style visite de la ville, découverte des alentours, soirées entre amis... C'est un moyen très économique de voyager mais surtout de rencontrer des locaux, jeunes et moins jeunes, avec qui partager de supers moments, découvrir leur culture et visiter leur ville dune manière authentique et souvent hors des sentiers battus.
En VRAI matinal, Man nous appelle à 6h30 du matin pour nous proposer un café et de nous emmener à l'hôtel qu'il nous a dégoté. Après ma nécessaire micro sieste de 3h, nous retrouvons Man pour un petit dej My Quang (nouvelle découverte culinaire : nouilles de riz avec porc, salade, herbes aromatiques et une super sauce au curcuma et au poisson) et un café avec ses amis, tous deux enseignants à l'université de Kon Tum. Moment très convivial et enrichissant : on a pu aborder des sujets de société, parler d'économie, de politique, ce qui nous a permis de mieux cerner le Vietnam d'aujourd'hui et les revendications d'une partie de la population. Nous avons ensuite suivi Man dans un resto végétarien et pris les scooters pour visiter les alentours.
Man est un excellent guide, il connaît très bien sa région, qu'il cherche à promouvoir (il etudie le tourisme à l'université). C'est une chance pour nous, qui restons ébahis devant les villages des minorités ethniques que l'on traverse. Ces minorités sont pour la plupart catholiques, comme les Bahnar qui vivent à proximité de la ville, et s'organisent autour de la "nha rong", une grand maison commune sur pilotis et en toit de chaume. C'est l'endroit où se réunit la population pour les fêtes, mais la rong fait aussi office de temple et de tribunal. Peu intégrés dans la société vietnamienne, les membres de ces minorités ethniques sont en grande majorité pauvres. Ils vivent dans des conditions assez précaires (vieilles maisons de bois magnifiques mais où le confort laisse à désirer) et cultivent les plantations de canne à sucre, se nourrissent de la pêche et de leur bétail. Les jeunes générations tendent à construire leur maison en dur, mais restent dans le quartier et conservent le mode de vie traditionnel. Curieux de découvrir de nouvelles ethnies, nous sommes retournés le lendemain visiter d'autres villages à proximité de Kon Tum. Señor appareil photo a beaucoup été sollicité pour capturer les sourires chaleureux, l'architecture et les paysages. On serait bien resté plus...
Man est un jeune homme plein d'ambition, il est en train de monter un café/auberge de jeunesse, pour y accueillir les étrangers de passage et permettre aux jeunes de Kon Tum de les rencontrer et ainsi améliorer leur anglais. Ce lieu d'échange et de partage n'ouvrira que d'ici 1 mois selon les estimations les plus optimistes, mais des tonnes de choses restent à faire. Nous avons donc proposé notre aide pour participer au chantier, et avons passé un bout de l'après midi suivant à déblayer le jardin encombré avec des amis à lui.
Kon Tum n'est pas une ville passionnante. Mis à part la cathédrale de l'Immaculée Conception, construite par les Français il y a près de 160 ans et le magnifique bâtiment du diocèse, il n'y a pas grand chose à voir. L'intérêt de cette région réside dans la découverte des villages des minorités ethniques, dont nous aurions aimé en savoir plus sur le mode de vie, les moeurs et les rites ... mais malheureusement le musée dédié était momentanément fermé, et une intoxication alimentaire (la première en 3 mois, ratio plus que correcte!) nous aura obligé à revoir notre programme à la baisse.