Medellín est de ces villes qui marquent par leur histoire sombre. Son passé est bien triste, et son présent poignant. Pablo Escobar l’a rendu célèbre, et on ne peut s’empêcher de penser crime et violence quand on l’imagine. Et à raison ! A la fin du siècle dernier, Medellín tenait la triste place de ville la plus violente au monde. Aujourd’hui, la situation a énormément changé, et la ville est enfin en paix.
Pour comprendre pourquoi, on se rend dès notre premier jour au musée Casa de la Memoria dédié à l’histoire de la cité. Il est gratuit, interactif et extrêmement riche et intéressant.
Il retrace l’histoire de Medellín, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, en passant par l’impact de l’arrivée des colons espagnols et les conflits politiques de la fin du siècle dernier. C’est d’ailleurs à cette période de l’histoire que le musée est majoritairement consacré. Au cours du 20e siècle, cette ville grandissante connaîtra des heures très sombres, avec une population en pleine explosion, le début des trafics en tout genre et l’expulsion des pauvres de certains quartiers pour les “moderniser”. S’en suit une montée des guérillas et des affrontements avec le gouvernement dans les quartiers populaires, menés par plusieurs groupes armés (ELN, FARC, EPL, M19…) et par les paramilitaires qui terrorisent la population.
Les cartels, et notamment celui de Pablo Escobar prennent eux aussi le contrôle de certaines zones et la ville est déchirée. Le gouvernement reste longtemps sans solution et les victimes se comptent par milliers chaque année.
Même après la mort d’Escobar en 1993, les conflits persistent et les groupes paramilitaires continuent de se déployer. Un processus de paix long de plusieurs années aboutit à la signature d'un traité de paix avec les FARC en 2016, la tension baisse enfin malgré l’activité d'autres groupes armés qui persistent dans certaines régions du pays. Mais Medellín respire enfin.
Deux facteurs ont grandement joué dans la métamorphose de ce quartier: le désenclavement par la construction d'escaliers mécaniques sur le flan de la colline pour faciliter l'accès des habitants à leur maison et à la ville, et le développement de services publics de qualité (établissements scolaires, terrains et salles de sport, parcs, loisirs, etc.)
Au cours de la visite, notre guide qui vit dans ce quartier depuis sa naissance, nous amène au cœur de la comuna, où la vie bat son plein et où les fresques murales sont les plus belles. Il nous parle de l’histoire de la Colombie, mais aussi de la Comuna 13, du quotidien de ses habitants et des perspectives d'évolution de leur quartier.
De manière plus globale, la sécurité a aussi été grandement augmentée dans la ville grâce au déploiement d’un réseau de transport extrêmement moderne et réfléchi. Contrairement aux autres villes de Colombie, Medellin dispose d’un réseau de métro, trams, et même télécabines, permettant de relier toute la ville, y compris les quartiers les plus pauvres. On sent la ville propulsée par une énergie positive incomparable.
Avant de partir, et pour ressentir une dernière fois cette vie et cette ambiance purement medellinienne, on se rend bien évidement dans l’énorme marché Minorista. Si vous pensez connaître la plupart des fruits exotiques, on vous conseille d’y mettre les pieds ! Même après 6 mois en Asie, et 6 en Amérique du Sud, on en découvre des nouveaux à presque chaque stand. On craque comme toujours et on repart avec plusieurs kilos de fruits juteux plein les sacs. A titre indicatif, on a notamment acheté 12 mangues pour 1 euro. Vous voyez le délire ?
Pour conclure, on a été très touchés par l’histoire récente de Medellín, et on a trouvé fascinants le musée et le tour guidé qui nous ont permis de comprendre plus en profondeur la Colombie. Boostée par son réseau de transport dernier cri, un urbanisme innovant et un positivisme sans égal, Medellín a à nos yeux énormément de qualités. On a pu y sortir sans craintes dans tout un tas de parcs, bars, restaurants ou autres lieux animés, et il va sans dire qu’on s’y est bien mieux sentis qu’à Cali ou Bogotá.