Après ce week end festif à Otavalo, et ces 7 mois et demi de vacances (pardon pardon...), il est temps pour nous de se mettre un peu au boulot ! Mais doucement hein, on a perdu l'habitude donc on y va molo, 5h de travail par jour, 5 jours par semaine. Deal ? Deal ! En échange du gîte et du couvert, ça nous paraît plutôt honnête comme pacte.
C'est notre première expérience de volontariat, donc on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. D'après l'annonce postée sur la plateforme Workaway, les propriétaires ont un grand terrain sur lequel ils cultivent de tout, on travaillera donc très probablement dehors. Ce qui est sûr c'est qu'on a envie de se salir les mains, de suer, d'apprendre et de donner un peu de notre personne. En avant pour 10 jours sur les hauteurs de Pimampiro, à partager le quotidien de Santiago, 29 ans, et sa maman Rosita, 70 ans.
Comme prévu, l'essentiel des besoins en main d'oeuvre se concentre au jardin. Les 5 hectares nécessitent d'être entretenus pour continuer à donner, on arrose donc, on cueille, on défriche et on plante. Ici, l'intégralité de la production est bio, et la liste est longue : avocats, choux, salades, carottes, oignons, ail, petits pois, maïs, haricots, piments, épinards, navets, café, tabac, oranges, fraises, mandarines, granadillas, bananes, mûres, taxos, citrons, marie jeanne, persil, aneth, basilic, coriandre, camomille et menthe grandissent à leur rythme et sans pesticide. Ça fait rêver un jardin pareil, non ?
A chaque jour son lot de découvertes et d'apprentissages car le travail que nous donne à faire Santiago est toujours différent. Quand on en a fini avec le potager, c'est la bière que l'on brasse, le tabac que l'on fait sécher ou le conteneur à poubelles que l'on répare. Pas de quoi s'ennuyer, loin de là ! Sur les coups de 11h30, je laisse les mecs aux tâches les plus ingrates et retrouve Rosita en cuisine, pour 1h30 de papotage intensif. Préparer le repas a rarement été aussi sympa ! On écosse, on épluche, on coupe, on met à bouillir, a frire, on touille, on mixe, on écrase, on rigole et on discute. La liste des plats à refaire en rentrant s'allonge !
J'ai noté les recettes bien sûr, mais je crains que les ingrédients en France - si on les trouve - ne soient pas aussi bon qu'ici ... Les avocats cueillis à l'arbre sont autrement meilleurs, et sont en quantité suffisante pour en manger matin midi et soir, le grand luxe ! On a découvert le taxo, fruit allongé dont l'interieur ressemble au fruit de la passion et l'exterieur au concombre, délicieux ; l'oca, joli tubercule andin au goût sucré, encore meilleur ; le melloco, autre tout petit tubercule très tendre, très bon ; le chirimoya d'Equateur au bon goût de mangue ... Ceux ci sont impossibles à trouver en France malheureusement, ou à prix d'or et mal en point après un voyage de plusieurs milliers de kilomètres. Par contre, je tenterai de vous faire de tostados, ces grains de maïs frits qui vont merveilleusement bien dans des soupes, des tartes salées sans pâte a tarte, des salades variées et des petits pains briochés.
En 10 jours, pas un gramme de viande ni de poisson, trop chers pour la famille. Mais pas une fois on en a ressenti le manque, leur régime végétarien ne manque lui pas de saveurs ni d'originalité ! Nourris quasi exclusivement aux fruits, légumes et herbes récoltés sur place, on a mangé comme des rois et apprécié la simplicité et la force des goûts. On a aussi mieux dormi, et on s'est sentis plus énergiques. Sûr qu'en rentrant on changera AUSSI nos habitudes culinaires ... j'espère que vous nous reconnaîtrez quand même !
Après les matinées de travail et les almuerzos en famille, on avait les après midi pour nous, à lire dehors au soleil, discuter, glander, écrire le blog, jouer aux cartes ou regarder un film. Pas d'exploit donc pendant notre temps libre, à part peut être le dimanche qu'on a passé avec Santi et son ami à observer des ours dans la montagne (si si des ours andins ça existe, la seule espèce présente en Amérique du Sud). Pas de quoi s'attarder non plus sur le niveau de confort chez les Cabrera, simple, basique, rustique même (pas d'eau chaude, sols en terre battue et murs en pisé ou en bois), l'essentiel n'est pas là.
Ces 10 jours sont passés à vitesse grand V. Ça nous a fait du bien de nous sentir utiles. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas fait quelque chose pour d'autres personnes que nous mêmes ! Et quelque chose de manuel, de physique et de concret. C'était vraiment chouette de travailler dehors, de cuisiner tous ensemble et de partager nos histoires, nos expériences, le tout dans une ambiance familiale qui nous a fait chaud au coeur, après plus de 7 mois loin des nôtres.