Je suis réveillée très tôt par un terrible fracas dans la cuisine, suivi de bruits très louches qui se rapprochent de nous....au secours on se fait attaquer! Prenant mon courage à deux mains (et voyant que Mr Gnougnoux ronfle toujours comme si de rien n'était) je descends avec la lampe de poche affronter le danger. La poubelle de la cuisine a été renversée, il y a des bouteilles en plastique partout, et bien sûr aucune trace du coupable. Je jette un coup d’œil dehors: le voila qui s'enfuit! C'est un petit chat tout mignon...mais qui m'a bousillé ma nuit: il est 2h30 et le sommeil m'a quitté pour de bon...
On arrive à déjeuner tôt, le casse croûte est près , on pars dès 8h30 faire la rando de l'Orofero. Enfin essayer de la faire: il y a 4 ans nous avions dû rebrousser chemin, faute de chemin justement...
Au bout de 10 min de marche Alex casse sa tong (oui Mr Gnougnoux aime bien faire le Tahitien et veut faire ses rando en tong, impossible de le raisonner là dessus). Heureuse,ment pour lui, cet incident arrive juste devant un chinois (=magasin chinois = petit commerce qui vend un peu de tout). Alex a du bol, ils vendent des "savates" (= tong), il peut repartir les orteils à l'air...
Les premiers kilomètres ne sont pas les meilleurs: il nous faut rejoindre l'église de Paea, située à 3 km de la pension , en longeant la route (où la circulation est beaucoup plus dense qu'il y a 4 ans je trouve...) pas de trottoirs, des vélo et des scooters qui nous frôlent, mais tout le monde se dit "bonjour" ou "ia orana" avec le sourire :) Il fait très très chaud, nous sommes pressés d'arriver enfin à l'ombre de la vallée.
Aujourd'hui c'est le jour des élections teritoriales. Déjà beaucoup de voiture roulent en agitant au vent le drapeau de leur parti préféré (ils sont 3 en lice: les bleus = les indépendantistes, les oranges = Gaston Flosse, censé être inéligible pour cause de trop de magouilles, et les rouges ) A Paea en arrivant devant la mairie nous sommes accueillis par une marrée de drapeaux: les gens sont tous alignés au bord de la route, agitant chacun son drapeau , tous habillés aux couleurs du parti qu'ils soutiennent... ça rigole, ça chante...
Assis par terre un homme hurle "allez les Rouges!" juste à coté de lui un autre réplique" allez les Bleus!"...
On a l'impression que chacun défend son candidat vraiment à la cool, il n'y a pas de dispute ou de discussion houleuse...
Nous arrivons enfin à l'église de Paea, qui est toujours aussi belle que dans mes souvenirs. Le chemin de la randonnée se situe tout au bout de la rue d'après , encore 2km à marcher en plein soleil avant de se réfugier sous les grands arbres de la jungle...
Nous arrivons à la première traversée de la rivière Vaiatu , que l'on retraversera une bonne dizaine de fois avant d'arriver au plateau des orangers. il fait tellement chaud que je fonce tout droit dans l'eau, baskets et chaussettes aux pied tans pis. L'eau fraîche est un vrais bonheur, mais on se passerait bien des 200 moucherons noirs qui nous attaquent le visage! C'est l'enfer, impossible de profiter de la baignade on s'enfuit vite de là.
Le chemin, pour l'instant assez large, traverse des plantations de bananiers, de papayers. Les champs sont entourés par de hautes falaises recouvertes d'une végétation dense, c'est magnifique!
On croise les dernières maisons éloignées, dont une décorées de jolies sculptures. Les jardins sont toujours aussi beaux.
Plus on avance plus le chemin se rétrécit. A un moment on se retrouve bloqués: impossible d'avancer sur notre rive, de l'autre coté ça n'a pas l'air mieux, aucun cairn ni repère de visible... Alex suggère que l'on suive le lit de la rivière jusqu'au prochain embranchement, mais les moucherons nous rendent la vie impossible: ils entre dans les yeux le nez la bouche et les oreilles, c'est insupportable!
Je pars donc en éclaireuse sur l'autre rive, et Banzai! je trouve une trace qui s'enfonce dans la jungle! L'aventure continue!
Nous devons développer nos talents de pisteurs pour poursuivre notre route, les traversées de rivière se faisant de plus en plus fréquentes: là un morceau de ficelle rouge et blanche, là un caillou posé sur un autre, là une trace de pas dans le sable ou dans la terre... On arrive enfin à la dernière grimpette: 30 min à monter quasi à la verticale , en s'accrochant à des cordes... (le guide parlait d'une montée "raide mais sans difficulté"... )
Arrivés en haut, début du plateau. On est en nage, les jambes coupées! On tombe sur un petit baraquement tout confort (avec douche et toilettes s'il vous plait) entouré de bananiers. Au loin les flancs verdoyants d'une montagne abrupte se dessinent, mais les nuages nous cachent une partie de la vue.
Il nous reste normalement une heure de marche sous une grande foret de manguiers et de mapé avant d'arriver au fameux plateau des orangers...or il est 13h30, en comptant le temps du retour on risque d'être rattrapés par la nuit si on traîne trop... C'est frustrant de renoncer si près du but, mais nous avons trop perdu de temps à chercher le chemin...Nous reviendrons!
On mange sous la tente (enfin disons plutôt que l'on sert de repas à une armée de moustiques...) car une fine pluie se met à tomber.
La pluie s'intensifie, on englouti le dessert en 2-2 et on repart. J'ai tellement entendu parler des randonneurs emportés par la montée des eaux, en cas de forte pluie dans les vallées, que je veux sortir de là le plus vite possible. Nous avons prévenu les gens de la pension que l'on venait ici, mais le téléphone ne passe pas du tout, impossible d'appeler qui que se soit en cas de pépin...
La descente, rendue bien glissante par la pluie, est un vrai toboggan...heureusement que les cordes sont là ! Alex a accepté de changer de godasses (ses tongs lui ont bousillé les pieds...) et je suis un peu plus rassuré de le savoir avec des chaussures fermées.
Heureusement la pluie se calme au bout d'un moment et l'eau de la rivière reste au même niveau... ouf! L'adrénaline retombe un peu: on ne va peut être pas mourir aujourd'hui en fin de compte ^^
Nous arrivons enfin au dernier gué... Reste encore 6 km à parcourir avec les chaussures qui font "floc floc"... Heureusement le soleil est revenu (il est même un peu trop motivé, on surchauffe vite! )
On retraverse la longue rue en direction de la route côtière. Des chiens errants de tous genres nous suivent du regard le long du chemin, mais aucun ne semble belliqueu, tant mieux!
Les drapeaux sont toujours là lorsque l'on repasse devant la mairie de Paea,
Le reste de la route se fera dans la souffrance, j'ai l'impression d'avoir deux morceaux de bois à la place des jambes... On arrive enfin à la pension, il est 17h , on a marché 8h non stop, on est mort de chez mort!
Mais c'est vraiment une belle balade, on la refera jusqu'au bout la prochaine fois, c'est promis!!