Les vélos chargés, qu’allons-nous faire jusqu’au lever du soleil? Une dizaine de chiens errent dans les rues et courent derrière les véhicules à 2 roues, nous marchons à côté de nos vélos, prudemment. Des boutiques sont ouvertes, des personnes se baladent, on a l’impression que la ville ne dort pas! Nous nous dirigeons vers le port, il y a 2 bancs, idéal pour prolonger la très courte nuit, le camion de pompier et des employés de la ville, arrosent les arbres et nettoient, il faut que nous nous déplacions, nous allons un peu plus loin, un restaurant est encore ouvert, il est 4h. Nous prenons un café, achetons du pain au boulanger en face, il est en train de cuire son pain, il y a une atmosphère un peu glauque, mais ce n’est pas inquiétant. Nous avons droit à l’appel à la prière, nous décidons de prendre la direction du camping qui est à 3km. Il n’ouvre qu’à 8h, nous prenons un petit chemin et nous voici sur la plage, petit dej improvisé, bain de mer en attendant l'ouverture du camping, lumière, quiétude, la vie est belle quand même!
Nous voici installés sous un olivier et un bougainvillier, il n’y a que 6 à 8 tentes et 2 caravanes, c’est tout petit et très intime. Le cadre est idyllique et nous pouvons régulièrement aller à la ville. Nous parlons avec le jeune couple qui est à côté de nous. Ils nous proposent de faire des courses pour nous, c’est super. Nous allons rester 3 jours, la chaleur a eu raison de nous et nous devons résoudre nos problèmes d'argent et d’envoi de cartes bancaires, acheter des billets pour aller à Chypre d’ici la fin de la semaine, l’aid est proche et cela va durer 1 semaine où banques, bureaux seront fermés et il y aura beaucoup de monde partout. Nous profitions pleinement de ces moments où nous sommes en immersion dans une partie de la société turque. Ici des travailleurs qui ont quelques jours de vacances et viennent en camping pour se détendre et se retrouver en famille.
Nos enfants essaient d’envoyer de l’argent avec Western Union, par 4 fois, cela ne fonctionne pas, nous avons fait toutes les banques de la ville, problème système est leur réponse, on fait des allers retours 2 fois par jour vers la ville. Nous commençons à se faire repérer ! Une manager parlant anglais essaye de nous aider. Un anglais, Tony, qui vit ici, propose même de nous donner de l’argent si on lui fait un virement J’appelle le Consulat, aucune solution proposée. Une jeune turque née en Allemagne et travaillant dans l’agence de ferry nous dit que le problème est sur la région depuis au moins 3 mois, elle parle de méfiance de terrorisme... En attendant les jours passent et nous commençons à connaître Taşucu, ses çay, ses échoppes, ses banques et ses bancs! Finalement, jeudi dans l’après-midi, Western Union a suggéré que l’on change de bénéficiaire. J' ai reçu l’argent quelques minutes plus tard! Merci à nos enfants qui assurent avec beaucoup de patience! Et à toutes ces belles personnes prêtes à nous aider. Nous avons aussi un problème de recharge de gaz, une personne parlant français s’est proposé de nous aider, mais hélas, impossible de trouver cela ici, peut-être dans un décathlon à 100km! Nous avons revu Ceseair, un Kurde, il vit à Berlin et possède une maison ici. Nous avons passé la soirée chez lui, il nous a raccompagné au camping et nous revenons chez lui pour notre dernière nuit à Taşucu ! Nous apprenons beaucoup sur les Kurdes.
En attendant d’aller chez Ceseair, nous profitons des terrasses de Taşucu en buvant des çay ! Vers 16h, nous prenons la direction de Kizkalesi, petit village à côté de Taşucu où habite notre nouvel ami. Sur le bord de la route, un camionneur prend son repas sur une petite extension de son camion immatriculé au Liban avec des inscriptions françaises dessus! Incroyable, je veux faire une photo. Et nous voilà quelques minutes plus tard, une fourchette à la main, mangeant du melon syrien, car il est Syrien de Damas, transporte des bananes entre la Turquie, le Liban, la Syrie et l’Irak, nous essayons de nous comprendre, il est ravi de notre rencontre, et nous repartons avec une boîte d’1,5 kg de dattes et une bouteille d’eau, il voudrait que l’on se revoit le soir, mais nous allons chez notre ami Céseair. Moment magique d’humanité. On se quitte sur un Inchallah et Maschallah, et un beau sourire! Précieuse rencontre!
Nous arrivons chez Ceseair, il habite un quartier résidentiel où il y a beaucoup d’allemands, c’est à 2 pas de la mer. Justement, 2 allemands sont avec lui sur sa terrasse, ils ont choisir de vivre leur retraite ici et semblent heureux. Échanges intéressants sur les choix de vie,, la douceur de vivre en Turquie..... puis nous faisons une ballade dans le quartier. Il nous apprend qu’un aéroport a été installé dans cette zone pendant la guerre sur Chypre. Il nous parle du sort des Kurdes..... Nous passons la soirée à parler comme si nous étions des amis de longue date. Il a des restaurants à Berlin, 4 enfants, mais aucun n’a envie de venir ici, il a 4 appartements dans sa maison et un studio sur le toit. Nous décidons de dormir sur les banquettes installées sur le toit pour profiter de la fraîcheur, mais les moustiques n’ont pas laisser Robert fermer l’oeil ! Ce sont nos derniers moments turcs, nous avons apprécié l’hospitalité des gens et les paysages, un peu déçus par l’urbanisme touristique, et nous allons découvrir Chypre dont nous ne savons pas beaucoup de choses, à part qu’il y a une république de Chypre au Sud et au Nord un territoire reconnu par personne, on y parle turc, il y a des chypriotes mais aussi des turcs d’Anatolie et des soldats turcs. En route pour le pays le plus à l’Est de notre périple.