Après une nuit de confort (dans un lit !) et un petit déjeuner tranquille, départ en début d'après-midi: Clara nous laisse de la semoule pour faire un taboulé, on complète par des courses à Walmart, encore une fois - dans des proportions autres puisqu’il s’agit de faire à bouffer pour cinq pendant trois jours. La voiture est chargée à bloc, de provisions, et surtout de ses trois nouveaux passagers. De là, on prend le ferry qui nous emmène directement à la péninsule où se trouve Olympic National Park, et on pique nique sur le pont.
On arrive dans une petite ville, Port Townsend, dans laquelle on décide de faire un tour : c’est utopique, on est au bord de l’océan, les lycéens fêtent leur bal de promo, il y a des biches qui se baladent un peu partout, la lumière est splendide, tous les petits vieux du coin nous parlent, veulent savoir d’où l’on vient et ce que l’on fait ici. On trouve un camping pour la nuit après s’être arrêtés de nombreuses fois pour profiter des lumières du coucher de soleil qui sont incroyablement douce. Je conduis, et dans les rétros de la voiture, les lumières sont bleus et roses et je vois en même temps les montagnes et l’océan. Quand on tourne un peu trop en rond sur la musique que l’on écoute, deux passagers lisent une nouvelle de Sylvain Tesson à plusieurs voix, c’est chouette. La petite frayeur de la journée : on s’est fait contrôlés par les flics américains (pas commodes), avec gyrophares et appels de phares. On était en excès de vitesse… De 15 miles per hour tout de même. On s’en sort en forçant un peu l’accent français, en expliquant que la conversion en kmh sur le tableau de bord et compliquée, et surtout parce que tous les papiers sont en règle (même si le bonhomme est un peu surpris de voir un permis international).
Le premier réveil à quatre dans la voiture est sportif : deux dorment sur les sièges conducteur et passagers (spéciale dédicace à Hannah qui a dormi avec le volant et les pédales) avec un duvet, et deux derrière, dans le coffre. Dès six heures du matin, c’est les chaises musicales : on est réveillées par la lumière du jour, on essaye d’échanger de places pour que celles qui ont le moins dormi aient au moins une grasse matinée. Ulysse est grand confort dans sa tente. En plus, on a toutes les affaires bourrées dans la voiture, pour pas qu’elles prennent l’humidité, on pour ne pas attirer d’animaux, qui peuvent être impressionnants ici. On va se ballader sur la grande plage, où mer et montagnes se rencontrent bizarrement, mais on fait vite, puisqu’il faut quitter le camping à midi. L’objectif de l’après-midi est d’aller marcher sur le mont Olympia. Première difficulté : le grimper, parce que la voiture est allergique aux côtes, et râle du poids des cinq étudiants qu’elle traine. Arrivés en haut, on en croit à peine nos yeux, mais tout est enneigé (alors qu’il y a une heure, on était encore à la plage) - impossible d’emprunter les sentiers. On se rabat sur une rando dans des chutes d’eau qui part de notre deuxième camping. C’est splendide - les arbres sont incroyablement haut, tout est vert, et la lumière du soleil couchant transperce la forêt. Nouveau dîner à base de chamallow grillés au feu de bois et de nouilles instantanée, et rebelote pour une nuit serrés dans la voiture.
On quitte le camping tôt ce matin, et on part se balader, sur les falaises de la montagne. Aujourd’hui c'était camping sans douche, autant vous dire que l'atmosphère est lourde dans la voiture. On redescend la péninsule vers Fowks. On décide de s’arrêter manger un burger dans un dinner américain typique, on se croirait dans un vieux film de cow-boys mais surtout on voit l’océan, et il y a la wifi (pour la première fois depuis plusieurs jours). C’est de là que je vous écris. Les autres sont allés faire une sieste, rassasiés, dans la voiture. Moi j’ai l’accent américain et le bruit des glaçons qui me fusent dans les oreilles.