Notre deuxième jour à San Francisco été encore plus incroyable que le premier. On entame une énorme journée de marche à travers toute la ville – avec le sommeil réparateur d'un «presque» lit, rien ne nous arrête (dormir sur un canapé après trois semaines dans un coffre, c'est le grand luxe). Petit déjeuner de reste de crêpes et des invendus du café où Dori travaille.
Notre épopée commence au Golden Gate Bridge : à pied, c'est encore plus impressionnant qu'en voiture. On continue le long de la plage venteuse pour visiter la ville en long en large et en travers : le Dome et son parc (où plusieurs mariages sont en train d'être célébrés quand on arrive), la fameuse Lombard street, qui monte au point culminant de la ville (cette ville est une véritable montagne russe), le quartier chinois, et on finit la journée dans le quartier Missions, où Dori nous rejoint pour partager des tacos.
Il est neuf heures, on en a un peu pleins les pattes, mais la journée n'est pas terminée : on a promis à Dori de l'aider à déménager de son appartement étudiant à chez ses parents, qui habitent à Richmond (une petite ville accolée à San Francisco). Il faut aller jeter son vieux lit à la décharge, descendre le canapé-dépliant en bas de l'immeuble, où il sera ramassé par un camion poubelle, puis charger ses affaires dans la voiture. On déplie le canapé et tous ses morceaux (coussins, structure, futon), les garçons descendent les gros bouts et je balance les coussins par la fenêtre. Mêmes étapes pour le lit (qu'il faut descendre d'un étage plus haut…). Lise et Dori vont à la décharge pendant qu'Ulysse, moi et Marine profitons une dernière fois du canapé dans la rue. On réalise que le matelas est quand même chouette et on décide (puisqu'il est voué à la poubelle), de l'échanger contre celui qu'on a dans la voiture (rappelez-vous, celui hérité de la coloc d'Ulysse). Changement de matelas donc, rangement de la voiture, et on est partis pour Richmond. Il doit être 11h du soir et on traverse le pont en musique, avec les lumières de la ville au loin et Dori qui nous montre tous les lieux cultes de son enfance sur les côtés de la route.
On est accueillis comme des rois dans la petite maisonnette des parents de Dori et on tombe un peu comme des masses dans les lits, canapés et autres matelas tout confort. Le lendemain, on se fait servir un petit déjeuner grand luxe au réveil : la maman de Dori est chef, et elle nous a préparé une omelette oignons-épinards-poivrons-fromage, de la charcuterie, de la confiture maison et du pain frais. On a droit à un vrai café, aussi. Ulysse est parti de bonne heure chercher des fleurs pour dire merci. Nous, on a l'occasion de discuter avec Selma, la maman de Dori. Elle est hollandaise, elle travaille dans la cantine d'une école juive autour de la ville, et elle nous raconte sa vie, entre Etats-Unis (elle et son mari ont d'abord habité sur la côte est), Israël et la Hollande. Elle nous dit que ce qui lui manque surtout de la Hollande, c'est la nourriture et la famille – on se reconnaît assez dans ses mots. A son arrivée aux Etats-Unis, elle et son mari avait fait un voyage similaire au nôtre, un grand tour des US en Mustang, mais dans l'autre sens. Après une rapide (mais très chargée) lessive, on dit au revoir à la famille de Dori et on met le cap sur le lac Tahoe, un paysage merveilleux où l'on décide de dormir le soir.