Le matin du 29, on se réveille dans le camping de Little Talbot Island, qui se trouve donc être une sorte de jungle où prolifèrent moustiques et petits crabes noirs. Sans trop de surprise, on a été dévorées. On profite du fait d’avoir une douche pour (à nouveau) se laver à fond, puis on quitte le nid d’insectes pour retourner sur la plage du parc étatique. On se pose sous un abri de bois à l’orée de la plage pour écrire (Margaux) et bouquiner (moi-même). On pique nique avec quelques boîtes de conserve qui nous restent, puis on prend la route de Savannah, en Géorgie, sous une chaleur écrasante, mais est-il encore nécessaire de le mentionner.
Savannah nous plaît tout de suite. C’est une petite ville de style colonial, avec des rues pavées, des façades biscornues, beaucoup de petits squares ombragés, des fontaines et des cimetières qui se visitent comme des parcs. On va se promener sur River street, au bord de la rivière, sur une rue commerçante certes touristique, mais très mignonne. On rentre dans tous les magasins pour profiter des free samples, les échantillons gratuits proposés par les magasins de pralines et de fruits à coque, qui sont une des spécialités géorgiennes. Et comme il y a de nombreux magasins, les free samples feront office de dîner.
On passe voir la cathédrale Saint John the Baptist, bâtie par des français qui fuyaient les troubles de la fin du XVIIIème siècle. Elle est toute blanche et nous salue en sonnant ses cloches sur notre passage.
En passant par la rue principale, on tombe sur le Lucas Theater, qui projette justement, ce soir là, Rear Window (Fenêtre sur Cour) d’Alfred Hitchcock. La place est à 5$ : on y court. L’idée est brillante, d’autant plus que le cinéma est une salle de spectacle aux plafonds dorés et aux lourds rideaux de velours. On se sent au spectacle. Et on se laisse emporter par le talent du maître du suspense pendant les deux heures que durent le film.
En ressortant, on se balade une heure sur la rue centrale toute illuminée où les promeneurs lèchent les vitrines et les cônes de glace. Budget oblige, on touche avec les yeux, mais l’ambiance est déjà bien agréable. Puis on rentre à la voiture, se coucher dans un relais routier où l’on pensait pouvoir se doucher. Malheureusement, les douches coûtent 12$, alors on va se coucher dans notre jus, au doux bruit des soupirs de camions et des crissements de freins.