Le 26 dernier, on est arrivés à Santa Barbara comme si on arrivait dans un décor de film. Il y a la plage, des palmiers hauts en contre jour dans la lumière bleue et rose du ciel, des pélicans qui volent au dessus de ce paysage de cartes postales, des gens qui pêchent au bout des pontons, qui mangent des glaces et il fait bon. On sent la Californie du Sud à plein nez. Même si on est arrivés bien tard, on décide de se balader dans la ville, et c'est une atmosphère qu'on n'a pas encore vraiment découverte au cours du voyage qui nous porte: la fête, la musique, les gens (trop) bien habillés, les jeunes - comme le sud au début de l'été. On regarde tout ça un petit peu de l'extérieur : on n'a pas 21 ans, impossible de rentrer dans le moindre bar. On se rabat sur une délicieuse salade thon-maïs-tomate-avocat-haricots rouges sur la plage.
On se réveille le 27 avec un problème qui n'est pas des moindres : la voiture ne démarre pas. On suspecte la batterie, même si on a été sages (pas de phares, pas de lumières intérieures allumés, pas de téléphones restés branchés sur l'allume-cigare). Il s'agit donc d'arrêter les passants (viser les pick-ups et les grosses voitures) qui auraient des pinces crocodiles pour nous donner un coup de jus. Ça s'annonce compliqué, mais un passant nous propose de nous poser à la première station service pour acheter les pinces : Ulysse et Marine s'y collent, pendant que je reste à la voiture avec Lise, en essayant toujours de trouver quelqu'un qui pourrait nous aider. Plusieurs personnes s'arrêtent, personne n'arrive à nous dépanner. Une fois nos missionnés de retour sur le parking (alors qu'on était prêts à abandonner et appeler l'assistance pour qu'ils viennent nous dépanner), un monsieur en vélo (nommé Rakesh) vient à notre rescousse. Il habite à cinq minutes d'ici, il sera de retour avec sa voiture et ses pinces pour nous redémarrer. Une petite demie-heure plus tard, bingo : on est sur roues. Rakesh nous conseille quand même d'aller faire tester la batterie : puisqu'elle n'avait aucune raison de tomber en rade, elle est probablement endommagée. Il nous emmène dans la première chaîne de garage venue, qui nous confirme rapidement le diagnostic. On remet les réparations à un peu plus tard, lorsqu'on sera finalement à Los Angeles : là-bas, on trouvera des garagistes opérateurs de la marque de notre batterie qui devrait faire le boulot.
Los Angeles est un véritable dédale à conduire : l'autoroute est partout autour et dans la ville, incompréhensible, et surtout elle fait souvent neuf voies de large. Autant dire qu'à l'entrée de la ville, je ne suis pas mécontente d'être accompagnée de trois copilotes qui m'aident à décrypter les milliers de panneaux et les comportements inattendus des conducteurs. On passe notre première après-midi dans la ville à Venice Beach, qui réserve un incroyable mélange des genres. Les baux gosses trop sapés, la jeunesse dorée en vélo et en patins au bord de la plage et les skateurs se mêlent aux SDF qui dorment dans le parc. On a pas trop le temps de s'attarder et de griller sur la plage, parce qu'on se réserve la soirée à un passage obligé aux Etats-Unis (du moins dans notre imaginaire) – on a décidé d'aller dans un cinéma drive-in pour voir deux films sortis il y a peu de temps : Deadpool 2 et A Silent Place. Après une heure de route (tout de même), on débarque dans ce parking un peu surréaliste, devant un écran incroyablement grand, où tout le monde est dans sa voiture, ou devant, sur des chaises de camping. Cette chère Sheila se révèle particulièrement pratique à l'activité : on dégage les affaires du coffre et on a un lit, certes un peu serré pour quatre, mais bien confortable. Heureusement que notre voisin de parking a amené une grosse enceinte : normalement, chacun allume sa radio sur une certaine fréquence pour avoir le son du film - mais on a peur que notre batterie ne tiennent pas vraiment le coup pour s'offrir ce luxe… On mange des pâtes à la sauce tomate dans la voiture et quand on a froid, on peut même fermer le coffre et simplement ouvrir la fenêtre arrière pour en prendre pleins les yeux.