Départ du camping relativement matinal, car en ce 12 mai, on a du pain sur la planche. D’abord, une lessive s’impose, car la dernière remonte à Seattle et on a un nombre limité de culottes. On bourre une machine dans un lavomatic avec toutes nos vieilles chaussettes et nos pantalons pleins de sable et de résine, puis on fouille nos fonds de poches pour trouver assez de pièces de 25 centimes pour lancer le lavage.
Pendant que la machine tourne, on va faire un plein de tout ce qui nous manque au Walmart. On s’équipe de lampes frontales, de ziplocs, d’une glacière et de pas mal d’autres éléments qui commençaient à nous manquer cruellement.
On achète aussi des kilos de pain de mie, de tomates, de fruits et de fromage pour tenir encore une bonne semaine de sandwiches. Maintenant qu’on a enfin une casserole et un réchaud, on se paye le luxe d’acheter des pâtes et du riz pour les soirs de faste. Une fois nos vêtements récupérés, on va s’asseoir sur la plage pour un pique nique de luxe (sandwiches bagel/cream cheese/avocat/tomate/sable), puis on décolle de Newport, poursuivant notre migration vers le sud.La route 101 ne cesse de nous éblouir. Au recoin de chaque bout de forêt, on a une vue imprenable sur les vagues qui s’écrasent contre les falaises. les rayons de soleil percent les branchages, et le bruit du ressac nous fait presque oublier celui de Sheila qui s’essouffle dans le paysage vallonné. On s’arrête tous les 5 miles pour se pencher sur des promontoires qui donnent sur le Pacifique.
À l’un de nos arrêts, on tombe par hasard sur un coin que nous avaient conseillé les sciences pistes de Seattle : Thor’s Well. Après une petite marche dans la forêt qui borde la plage, on arrive directement sur des roches volcaniques creusées par les flots qui nous font penser à la Bretagne. On crapahute dans la pierre humide et la vase pour s’approcher au plus près des vagues qui se fracassent sur le rivage. L’expérience est impressionnante. L’eau s’engouffre dans des couloirs rocheux puis s’élève vers le ciel, avant de s’abattre sur nous en paquets d’embruns.
On est fascinés, trempés, poisseux de sel, et on veut toujours voir si la prochaine vague s’élèvera plus haut que la précédente. Les nuages défilent à une vitesse vertigineuse, poussés par un vent qui nous soulève presque. On finit par rebrousser chemin pour remonter à la voiture, inquiets du ciel qui s’assombrit à vue d’oeil.
On met le cap sur Florence, plus au Sud, où on trouve un camping où les douches sont gratuites. Cette fois-ci, ce sont bel et bien des au revoir avec Ulysse. Des quesadillas, un dernier feu de camp tous les quatre, et avec la nuit qui tombe vite, on a l’impression de veiller tard en se couchant à minuit et demie. Le lendemain matin, Ulysse part faire de la rondo et du stop de son côté. On se dit au revoir, avec en tête l’idée de se retrouver à San Francisco pour faire un autre bout de route ensemble.