On décolle pour Amarillo le 9 juin. Amarillo, c’est notre premier arrêt au grand Texas. On n’y reste pas bien longtemps : la route est longue, et la ville n’a pas autant de charme que les villes du Nouveau Mexique croisée jusqu’ici. On prend tout juste le temps d’y prendre un long café et de visiter l’animation du coin, Cadillac Ranch, qu’on est reparties. Il faut dire aussi que ces jours-ci, le voyage est doublé de la recherche d’un appart à Paris, et que même bien aidées par nos parents respectifs à distance, cela nous prend un certain temps (notamment lorsqu’on est armées de wifi).
A Dallas, ou plus exactement à Bartonville, on est attendues par Suzy. Suzy a eu 70 ans avant-hier et a l’enthousiasme d’une demie douzaine de grand-mères à la fois. Pour faire court, elle est la maman de la famille chez qui Lise a fait un échange à Washington DC il y quelques années - et c’est comme ça qu’on la connaît.
Suzy et son mari Jim ont deux immenses maisons et un grand terrain dans cette petite ville qu’est Bartonville, au Nord de Dallas. Se baladent dans ce joyeux bazar au moins cinq chiens, des dizaines de poules, des chèvres, et surtout une vingtaine de magnifiques chevaux dans leur ranch. A côté de tout cela, il y a ‘Tutu’s cottage’ - Tutu, c’est la maman de Suzy, bientôt 97 ans, qui habite a deux pas d’ici, donc. Suzy est une personne merveilleuse - bien qu’on ne se connaisse pas (Marine l’avait rencontré lors de son voyage au Texas à Noël, mais pour moi, c’est une première), elle trépigne d’impatience à l’idée de notre arrivée. On frappe à la porte, et c’est déjà un festival : elle nous propose à boire, à manger, nous dit qu’il faut absolument qu’on reste jusqu'à jeudi au moins (pour l’aider avec une sortie scolaire qui vient voir le ranch), voire jusqu’au 4 juillet pour la fête nationale et que heureusement qu’on est arrivées si vite parce qu’elle n’avait personne à la maison, qu’elle allait finir par s’ennuyer et qu’on allait tellement s’amuser tous ensemble. Suzy a déjà un programme chargé pour nous - il faut dire aussi que les deux prochaines semaines, deux autres françaises, Anne-Sophie et sa fille Alexine (des amies de la famille) séjournent au ranch. Sitôt nos affaires débarquées dans la maison (à l’air climatisé), on va faire un tour voir les chevaux.
On y rencontre Grace, qui monte a cheval sous cette chaleur encore étouffante à 6h de l’après-midi. Grace est l’une des jeunes filles de Bartonville qui monte les chevaux de Suzy depuis son plus jeune âge. On a la chouette occasion de discuter avec la jeune Texane de sa vie ici, des opportunités de sorties dans le coin, de tout ce qu’on va bien pouvoir faire ensemble le temps de notre court séjour ici - Suzy est ravie de nous avoir trouvé une jeune de notre âge. Dès la chaleur de la journée un tout petit retombée, c’est a notre tour de monter a cheval. Suzy nous fait essayer des fringues d'équitation d’une qualité autre que Décathlon (botte en cuir et à lacets mesdames messieurs), et on se retrouve, toutes débutantes que l’on est, avec plusieurs centaines de dollars sur le dos.
Alexine commence - en France, sa famille a des chevaux, elle a l’habitude de monter, autant vous dire qu’elle a un petit niveau. Marine passe la suivante et assure à son tour (elle a visiblement fait pas mal de cheval quand elle était petite, on en apprend tous les jours). Quant à moi, inutile de vous dire qu’il a fallu que Grace me tire le canasson comme un gamin, vu la maigre expérience que j’ai avec les bestiaux. Pendant ce temps, les connaissances de Suzy défilent à la maison : frères et soeurs, nièces, le papa de Grace, etc: Suzy les supplie un à un de rester pour manger, offre du café glacé et des biscuits au gingembre à tout le monde.
Le repas du soir est encore beaucoup trop chargé et bien à l’américaine : biscuits, popcorns, salades, sauces, chacun fait ce qu’il veut, mais toujours dans des proportions trop importantes. Suzy tient à ce que l’on regarde la série ‘I Love Lucy’ toutes ensemble, parce que visiblement, cela manque cruellement à notre culture télévisuelle américaine, mais il est déjà 10h du soir, alors on convient de reporter cela au lendemain, quand la journée sera trop chaude pour faire quoique ce soit d’autre. On rentre dans nos appartements (la deuxième maison de Suzy est complètement vide, entièrement pour nous) ou après un saut dans le jacuzzi, on a plus qu’à choisir entre la douzaine de chambre (tous au lit King size, c’est à dire à peu près la taille de notre appartement parisien - ‘everything is bigger in Texas’ qu’ils disent) et la demie douzaine de salles de bain.