Yeeeeha

Publiée le 17/06/2018
L'étape où on assiste à notre premier rodéo.

En ce brave début de journée, Margaux se lève de bonne heure pour faire du banana bread avec les restes du frigo, pendant que je fais la marmotte jusqu’à 9h. Quand je me lève, la maison sent le gâteau et je n’ai plus qu’à me glisser dans un short avant de rouler jusqu’à la maison de Suzy, les yeux encore pleins de sommeil. La matinée est plutôt tranquille, on s’occupe encore et toujours de détails administratifs entre la revente de Sheila, l’appartement parisien à gérer, la recherche de jobs d’été pour août et le blog à écrire. Bref, on glande toute la matinée, on passe de la clim au soleil, on va caresser les chevaux, et on discute avec Anne-Sophie autour d’un bol de raisin sans pépins. 


A 15h, Jim et Suzy nous emmènent à un restaurant où ils vont toutes les semaines : le buffet chinois. Comme on peut s’en douter, c’est un buffet… à volonté, pour seulement 7 ou 8 dollars par personne. Le buffet n’a de chinois que le nom, et c’est l’occasion de goûter plein de trucs, des sushis, des trucs frits, des salades de pomme et j’en passe et des meilleures (littéralement).

On retourne à la voiture, puis à la maison, une fois les fortune cookies cassés en deux (le mien disait « A charming friendship is in the making » = « Une charmante amitié est en train de naître »). Et en effet, l’amitié est bien en train de naître avec les Langford, c’est le moins qu’on puisse dire. 

Nous voilà donc repartis à la maison, où on rassemble quelques affaires en urgence et où on récupère Alexine, qui n’était pas venue avec nous, pour repartir dans la foulée vers Fort Worth. Direction les stockyards, de nouveau. Cette fois-ci, on va voir un rodéo au Cowntdown Coliseum, l’immense arène prévue à cet effet. On arrive un peu avant 20h, on prend nos billets et on va s’assoir dans le bâtiment dont l’arène ensablée fait la dimension d’un grand stade de basket. On est au milieu des familles américaines, pour la plupart des touristes venus d’autres états, toutes endimanchées et munies de leur soda et de leur pop corn. La musique est diffusée à fond dans l’arène, et on se sent un peu comme au cirque. Il faut aussi noter que Suzy nous a prêté des chapeaux de cowboys, et qu’on ferait presque tache si on n’en portait pas. 

Le tourisme au pays des cowboys

Soudain, le Monsieur Loyal en Santiag annonce le début du show. Les portes des coulisses laissent passer une jeune fille à cheval, munie d’un immense drapeau américain. Elle défile au pas, au trot, au petit galop, puis dans une course effrénée autour de l’arène, au son de cette douce musique : 

Les gens sont tous émus, voire même larmoyants autour de nous. Monsieur Loyal enchaîne sur une prière collective en remerciant Dieu d’être tous réunis pour bien s’amuser ce soir. On se retient de rire, parce que ce serait déplacé : les gens ont la main sur le coeur, ou bien les mains jointes et la tête baissée. 

Cerise sur le gâteau patriotico-religieux, des jeunes venus du Tennessee en voyage scolaire entonnent l’hymne national et tout le monde reprend en chœur. Rien ne nous avait préparées à cette avalanche de fierté nationale mêlée de piété. 

Enfin, le rodéo en lui même commence. D’abord les « bull riders », qui doivent rester plus de 8 secondes sur des taureaux furieux. Les candidats au vol plané sont casqués couverts de molletons, ce qui n’empêche pas l’un d’entre eux de repartir tout ensanglanté, ayant été allègrement piétiné par un taureau d’une tonne. Pour parer à des cas de figure comme celui-ci, il y a trois clowns dans l’arène, qui sont chargés de distraire le taureau pour ne pas qu’il encorne l’audacieux qui s’est risqué à s’accrocher sur son dos à une main. Comme on ne peut pas mettre nos propres vidéos sur le blog, voilà une vidéo trouvée sur YouTube qui vous donnera un bon aperçu des rodéos des stockyards de Fort Worth.

Après les taureaux vient le bronc riding. Comme pour le bull riding, il s’agit de rester le plus longtemps possible sur le dos d’un animal déchaîné- Cette fois-ci, il s’agit d’un cheval sellé qui fait des bonds d’une hauteur impressionnante. Puis viennent les épreuves de lasso, où les participants doivent attraper un veau à la corde puis lui lier les pattes en un minimum de temps. Enfin, les épreuves de barrel, qui consistent en une course à cheval entre trois barils plantés en triangle dans l’arène. Le meilleur temps de la soirée : 14 secondes et 7 centièmes. 

Au milieu de toutes ces réjouissances, Monsieur Loyal invite les enfants de 8 à 12 ans à venir au milieu de l’arène pour pourchasser un veau afin d’attraper le ruban attaché sur son dos. Il en va de même pour les moins de 7 ans, qui courent derrière un agneau affublé du même ruban. Puis Monsieur Loyal appelle six volontaires âgées de plus de 18 ans. Margaux me convainc de participer, et on se précipite vers l’arène en pensant participer à une épreuve rigolote impliquant la présence d’animaux. Mais c’est trop tard, 6 filles sont déjà dans l’arène, et on remonte à nos places. Et heureusement. Il s’agissait juste, en réalité, de se déhancher dans le sable avec un bandeau dans les yeux, le tout sur Cotton Eyed Joe. Everything is bigger in Texas, même la beauferie. 

Le show prend fin sur une ultime session de bull riding. On ressort de là surexcitées et avec la certitude qu’on vient de cocher une case nécessaire dans notre road trip. 

Bonus : en achetant notre ticket pour le rodéo, on a gagné une entrée pour le bar voisin, le Billy Bob’s, autoproclamé « biggest honky-tonk (bar qui joue de la musique country) in Texas ». On se pointe, en tongs et chapeaux de cowboys, dans une sorte d’immense complexe fait de salles de billard, d’un rodéo intérieur, ainsi que d’une immense salle de concert qui fait aussi bar. Ce soir, c’est une étoile de la country, Tanya Tucker, qui joue à Billy Bob’s. On a de la chance d’être rentrées, avec nos moins de 21 ans. J’ai même pu frauder et nous acheter une bière. On a les petites victoires qu’on peut. On profite un peu de la musique, on regarde les cowboys moustachus défiler avec leurs partenaires à bottes à franges sur la piste de danse. Après une petite heure à ce rythme, on bat en retraite, et on se dirige vers la voiture. On est apostrophées par un groupe de gens de notre âge, tout aussi underage que nous, mais bien plus éméchés, qui nous proposent de les suivre pour faire la fête. Leur état leur a peut être fait oublier qu’ils ne peuvent justement pas faire la fête dans ce pays, à leur âge. Après quelques minutes de discussion chaotique, on les laisse filer et on rentre chez Suzy pour de bon, les yeux encore pleins d’éperons, de blue jeans et de calf roping.

Margaux bravant les interdits (la croix sur la main, c'est pour les moins de 21 ans)
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1 Voyage | 69 Étapes
Fort Worth Stockyards, East Exchange Avenue, Fort Worth, Texas, États-Unis
52e jour (15/06/2018)
Étape du voyage
Début du voyage : 25/04/2018
Liste des étapes

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