La dernière fois qu’on vous a écrit, on était dans un café à Mendocino, petite ville côtière, mi hippie mi touristique.
Après avoir tenu les employés en otage jusqu’à la minute même de la fermeture, on a levé le camp. Retour à la voiture, musique à fond, comme d’habitude. Cette fois-ci, on est à la recherche d’endroits gratuits où passer la nuit. Notre dernière douche remonte au matin même, alors on est partants pour à peu près n’importe quoi.
On finit par choisir un parking face à la mer, bien caché de la route. Ulysse plante sa tente sur le bitume, on gare Sheila le pare-brise arrière face aux embruns, pour avoir une vue d’enfer le lendemain au réveil.
C’est raté : le matin suivant est gris et humide. Pas de lever de soleil sur la mer cette fois-ci. On lève le camp après un petit déjeuner rapide dans le coffre de Sheila, et on est repartis sur la route. On emprunte la route 1, qui longe la côte de la Californie. Le soleil se découvre enfin, et on roule sur la corniche, à bord de falaise. On est un petit bolide rouge, en équilibre entre le bleu de la mer et celui du ciel. On s’arrête dès qu’on le peut pour regarder l’eau turquoise depuis notre promontoire.
On reprend la route, encore une fois, à la recherche d’un endroit où dormir. On finit par élire domicile au bout de la pointe de Point Reyes, dans des paysages qui font davantage penser à l’Ecosse qu’à la Californie. On voit la fin d’un coucher de soleil sur la mer. On a l’impression d’être au bout du monde.
Les dernières courses commencent à dater, alors on mange des pâtes aux petits pois. La bonne compagnie nous fait oublier la simplicité du repas.
La nuit est très venteuse, au point que l’on craint parfois qu’Ulysse ne s’envole. On est réveillés par des randonneurs matinaux qui, à 6h30, s’étonnent bruyamment de notre présence sur le parking de la plage. Alors on lève le camp, on va acheter un petit déjeuner au supermarché le plus proche, et puis on met le cap sur San Francisco.
On y arrive en fin de matinée, et on va garer la voiture chez un ami de Reims, Dori. On se douche (ça commençait à être nécessaire), puis on part à l’assaut de la ville.
Au programme : peintures murales ; parcs bondés de gens qui y dansent, y mangent, y jouent au frisbee ; rues colorées de drapeaux arc-en-ciel…
On s’y promène toute l’après-midi, sous un vent à décorner les boeufs. On flâne, on prend un café, on retrouve un ami de Dori, Rushk, qui nous montre le quartier des affaires et les rues les plus connues de la ville. On rentre claqués de cette journée passée à marcher sous le soleil et le vent, et on se lance dans une soirée crêpes pour Dori dont c’est justement l’anniversaire aujourd’hui. Tout baigne, en somme.