On laisse Juan et Leticia derrière nous, reboostées par leur vitalité et leur inventivité. La glacière/ventilateur sur la banquette arrière, on met le cap sur Sedona, un parc naturel de pierre rouge que nous a chaudement conseillé Leticia. On conduit dans la chaleur étouffante du Nord de l’Arizona, que les locaux appellent le début du printemps. Le parc de Sedona porte bien son nom : Red Rocks. On s’englue de crème solaire, et on s’aventure dans la fournaise poussiéreuse du parc. Le soleil du milieu d’après midi nous grille allègrement, et l’on ne marche que quelques miles entre les colosses de pierre orangée qui nous entourent. Suffisamment pour prendre un grand coup de chaud, et un de se remplir les yeux de ces paysages si nouveaux pour nous. Sedona est en effet l’antichambre de Grand Canyon, où nous devons passer la nuit.
Une fois rouges de poussière et de coups de soleil, on rembarque dans la voiture, et on s’attaque aux quatre ou cinq heures de route qui nous séparent de notre prochaine destination. La route est longue et traverse de grandes plaines dignes des Westerns de John Ford. On accompagne ce long voyage en écoutant de la country, histoire de rester dans l’ambiance.
On s’arrête juste le temps d’une petite pause à Flagstaff, Arizona, pour faire un plein de fruits et légumes. C’est important de le noter, parce que c’est un processus qui nous mène à visiter 2 magasins pour trouver 3 tomates et 2 concombres : à Walmart, on nous dit qu’ils avaient des légumes, avant, mais que maintenant ils n’en ont plus que des surgelés. L’Amérique.
Notre timing est parfait : on arrive au Grand Canyon alors que le ciel s’embrase. Sous nos pieds s’ouvre une immense cicatrice éclairée par le rose et l’orange du soleil qui se couche. Lise nous dit qu’il faut compter trois heures de route pour faire le tour du canyon, depuis la bordure Sud où l’on se trouve. L’expérience est irréelle.
On ne se rassasie pas de la vue de cette tranchée gigantesque, et c’est finalement la tombée de la nuit qui nous chasse du point de vue où l’on est plantées depuis notre arrivée. C’est donc de nuit qu’il nous faut chercher un coin pour dormir. La chance nous sourit : juste à côté du parc national du Canyon, il y a un camping gratuit dans la forêt. On est prêtes à retourner au parc dès la première heure, le lendemain.