L'étape où les arbres sont des géants et où la Californie est bien grise.
On a retrouvé Ulysse sur le parking d'un cinéma, à Crescent City. On rattrape chacun nos histoires des jours passés - nous l'intérieur des terres de l'Oregon et ses paysages, lui la côte, toujours, et les rencontres qu'il y a faites, à pieds ou en stop. Il nous a aussi ramené des spécialités locales. De là, on roule dans l'impressionnante forêt de Redwood jusqu'au premier camping que l'on croise. On est accueillis par Randy, qui nous assure que l'on fait l'affaire du siècle en restant : le camping est équipé de douches à l'italienne, le café est gratuit le matin et on peut avoir plusieurs emplacements pour nous tous seuls juste au bord de la rivière.
On se réserve Redwood pour le lendemain. Redwood, c'est une forêt d'arbres de dizaine de mètres de haut (les Américains disent que ce sont les plus hauts et vieux arbres du monde). Le lendemain matin, on y marche pendant une bonne heure. C'est incroyable, on se croirait dans la jungle. La végétation fait souvent plus de plusieurs fois notre taille, la lumière pluvieuse du matin est filtrée par les feuilles et nous laisse dans une semi-pénombre un peu mystérieuse. Dès qu'on se perd un peu trop dans nos discussions, on oublie de lever la tête pour admirer l'endroit.
On roule jusqu'à la petite ville d'Arcata l'après-midi, où on pique-nique sur la place centrale (à base de beaucoup d'avocats, ils deviennent de moins en moins chers et c'est un régal) et on va acheter des bouquins dans un magasin de seconde main. Lise opte pour un livre "surprise", un concept du magasin : ils sont emballés, et on choisit de se surprendre en ne le choisissant que par les mots clés que les vendeurs ont inscrit sur le papier cadeau.
Le soir, on passe par the Avenue of Giants, une grande rue bordée des arbres les plus immenses des Etats Unis, avant d'atterrir dans un camping étatique toujours au milieu de la forêt. Vers neuf heures, on est réveillées par le spectacle étourdissant des arbres qui découpent la lumière du matin dans la vitre arrière de la voiture. On est toujours bien serrées toutes les trois dans le coffre, mais c'est quand même un matin super chouette. Maintenant, plus vraiment de mot d'ordre si ce n'est d'avancer jusqu'à San Francisco pour y être le 19. On y retrouve un ami américain dont c'est l'anniversaire ce jour là et qui a besoin d'aide (ou de voiture) pour déménager. On vous écrit depuis notre pause midi, Mendocino, une ville très hippie où on a trouvé du café et de la wifi à un prix raisonnable après notre avocat journalier.
