Le Blue Ridge Parkway, c'est une étape attendue depuis un bout de temps. C'est difficilement explicable : il s'agit d'une longue nationale qui sillonne deux états (la Caroline du Nord et la Virginie) au beau milieu d'un parc national tout vert de nature protégée. Et se mêle à cet esprit nature et camping un tourbillon de culture et d'histoire. Il y reste les marques de l'histoire esclavagiste des Etats-Unis, du génocide amérindien et de la colonisation anglaise. C'est d'abord l'un des points de départ du «trail of tears» (littéralement, «le chemin des larmes», soit la route sur laquelle ont été poussés les indiens, leur territoires ayant été réduits à des réserves aux centre du pays par les Américains blancs). Mais c'est aussi la limite avec le mid-west américain, là où commençait la conquête de l'ouest pour les premiers colons, la frontière avec l'inconnu. Le tout dans des paysages à couper le souffle, qui en gros ressemblent beaucoup à nos Alpes à nous (l'un des coins s'appelle 'Little Switzerland', c'est vous dire). Le Blue Ridge Parkway, c'est donc une grande route incroyable où se rencontrent motards de Harley venus voir du pays et faire de la route, amoureux de la nature et randonneurs/campeurs Quechua local, et quelques musiciens – la route et une espèce de Disney naturel/culturel/musical, avec des arrêts tout aménagés en 'visitor centers' et autres campings pendant plusieurs centaines de kilomètres.
On arrive donc à Blue Ridge Parkway en fin de matinée, et on commence à ratisser les premiers offices du tourisme pour réunir des brochures et faire un plan et un itinéraire sur environ trois jours, pour ne rien rater. On arrive sur la fameuse route au niveau d'une ville du nom d'Asheville, où trônent d'incroyables bâtiments typiques de la Nouvelle Angleterre. On voulait visiter un de ces impressionnant châteaux, le domaine Builtmore, mais à une trentaine de dollars l'entrée par personne, on décide qu'on ira visiter Versailles à Paris (gratuité étudiante, tu es bien française, et maintenant appréciée à ta juste valeur). Même pas possible de voir l'extérieur de la bâtisse, et encore moins de pique-niquer dans les pelouses : on l'apprend à nos dépends.
On continue notre chemin sur la route aux paysages qui ne cessent de nous émerveiller et on finit l'après-midi avec une ballade dans les sources et les cascades, mais où malheureusement il n'est pas permis de se baigner - si la nature américaine est très aménagée, c'est aussi parfois avec plus d'interdits. On va profiter d'une douche (la première depuis Jacksonville, et ça commençait à se faire sentir) au camping Julian Prince Memorial, où notre soirée est littéralement éclairée par des dizaines de lucioles.