Sans trop savoir l'expliquer, voilà des années que je « rêvais » de me rendre à Chicago. Peut-être parce que mon père s'y était rendu voilà plusieurs années. Je ne sais pas vraiment. Toujours est-il que l'occasion de pouvoir y être logé durant une semaine s'est présentée ; impossible de passer à côté !
Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas éprouvé la moindre difficulté pour m'y rendre. Après avoir discuté de mes projets avec mon hôte à Détroit et un ami à lui, ce dernier m'a tout bonnement répondu : « Ça fait quelques temps que je ne suis pas allé à Chicago. Je t'y conduits si tu veux ! ». L'effronté aura donc fait 450 kilomètres aller, 450 kilomètres retour, dans une même journée, pour simplement passer trois ou quatre heures sur place !
Troisième ville la plus peuplée des États-Unis, avec plus de 2,7 millions d'habitants, Chicago a connu un développement fulgurant à la fin du XIXe siècle. Après des temps plus difficile, mêlés de ségrégation, prohibition, guerre des gangs et crise économique, la ville connait une nouvelle prospérité depuis le début des années 90. Tout en continuant à encourager la construction de gratte-ciels et l'innovation architecturale, la municipalité a eu le souci de proposer toujours plus d'espaces verts.
Chicago souffre toujours de son passé criminel sulfureux et est toujours confronté à un taux d'homicide conséquent : en 2016, on y dénombrait un peu plus de deux meurtres par jour. Néanmoins, il convient de relativiser ce chiffre. Déjà de par la population conséquente de la ville. Ensuite parce que ces crimes, la plupart du temps liés à des règlements de compte, se cantonnent aux quartiers résidentiels. Le centre-ville étant parfaitement sécuritaire.
Finalement, depuis quelques années, la principale ville de l'Illinois truste régulièrement les premières places de diverses études, mettant en avant aussi bien son économie que son attractivité touristique.
Pour ma première journée de visite, j'ai pris de la hauteur, pour découvrir Chicago depuis le Skydeck, point d'observation situé à au 103e des 108 étages que comporte la Willis Tower. J'ai pour habitude d'éviter les attractions payantes, mais, contrairement à la tour CN à Toronto, j'ai trouvé ici le prix raisonnable : compter 23 USD, soit environ 19 EUR. Et franchement, je n'ai pas été déçu par l'expérience et par la vue proposée ! Je recommande vivement.
Achevée en 1973 et forte d'une hauteur de 527 mètres, la Willis Tower fut le plus haut immeuble du monde pendant 25 ans (1973 - 1998) et des États-Unis pendant 40 ans, avant d'être dépassée en 2013 par le One World Trade Center à New York.
Source : Wikipédia
Comme il est possible de s'en rendre compte sur les photos précédentes, le centre-ville de Chicago possède un nombre impressionnant de tours : on dénombre plus de 80 édifices de plus de 165 mètres de haut, auxquels s'ajoute une dizaine d'autres, actuellement en construction. Et les styles sont vraiment très variés : de l'Art déco au style international, en passant par le néo-gothique et le modernisme, il y en a pour tous les goûts ! Parmi les gratte-ciels les plus emblématiques de la ville, je citerai tout d'abord la Willis Tower, bien évidemment, mais également le magnifique Trump International Hotel and Tower, le sombre John Hancock Center, les jumelles de Marina City, le remarquable Aqua et l'étonnante Lake Point Tower.
Chicago compte également des bâtiments plus anciens, tels que l'imposant Merchandise Mart, le rouge Reid Murdoch Building, la Tribune Tower, le Wrigley Building, le Jewelers' Building, etc. Bref, il y a de quoi faire !
L'architecture de Chicago se manifeste également en intérieur, pour qui sait pousser les portes. Deux endroits qui m'ont particulièrement marqué : le Chicago Cultural Center et Rookery Building.
Bon nombre de tous ces bâtiments sont situés en bordure de la rivière Chicago. Celle-ci est, à mon sens, l'une des principales attractivités de la cité. Elle lui apporte un charme indéniable et l'aménagement récent d'une belle promenade, qui la longe partiellement, la rend encore plus attractive. À noter également que pas moins de 38 ponts mobiles jalonnent la rivière !
Comme énoncé plus haut, la municipalité a fait d'importants efforts pour apporter de la verdure à ses résidents. L'une des meilleures preuves est sans nul doute le Millennium Park, grand parc public inauguré en 2004, coincé entre les gratte-ciels et le lac Michigan. C'est d'ailleurs ici que l'on retrouve la fameuse « Cloud Gate », affectueusement surnommée « The Bean » (le haricot). Cette sculpture est l'un des autres symboles de Chicago. Le parc comprend en outre une scène accueillant divers spectacles, un petit parc d'attractions, et diverses œuvres, plus ou moins contemporaines, à l'image de l'amusante Crown Fountain.
L'une des meilleures manières de découvrir Chicago et son architecture extérieure, tout en ayant la chance de prendre un peu de recul sur la cité, est certainement de prendre part à l'une des nombreuses croisières proposées sur la rivière Chicago. Celles-ci sont souvent un peu onéreuses, mais honnêtement, si la météo est au rendez-vous, ça en vaut vraiment le coup !
Parmi les nombreuses offres proposées, j'ai pour ma part choisi la compagnie Wendella Boats et son « Wendella's Signature Lake & River Tour ». Cette croisière animée de 90 minutes aborde la grande majorité des principaux buildings du centre-ville, pour finalement s'aventurer sur le lac Michigan, offrant un magnifique point de vue sur la ville.
Tarif : 35,50 USD
Pour découvrir la ville, une alternative moins onéreuse à la croisière est d'emprunter le « L », l'emblématique métro de Chicago. En grande partie aérien, il serpente au cœur du centre-ville et permet d'avoir un point de vue très singulier. Bien que souvent bruyant, voici encore un autre élément qui rend la ville de Chicago si particulière.
Comment visiter Chicago sans se rappeler du lien intime que la ville entretien avec la musique, tout particulièrement avec le blues et le jazz ?! Parmi les places de choix, la scène centenaire du bar The Green Mill, dans le quartier d'Uptown. Attention tout de même : entrée payante et accueil glacial, mais spectacle au rendez-vous !
Chicago regorge encore bien des curiosités. Impossible néanmoins d'en faire le compte-rendu exhaustif. Je pourrai par exemple vous parler de ses nombreuses salles de spectacles et cabarets, de la jetée Navy, propice aux festivités, de la magnifique fontaine Buckingham, de ses nombreux marchés fermier urbains, de ses 228 quartiers, etc. Mais on y serait encore demain !
Enfin, tout cela n'est pas sans oublier l'une des réalités des États-Unis : la lutte des classes. Lors de mon dernier jour de visite, je me suis aventuré au sud de la ville, là-même où on m'avait vivement déconseillé d'aller. Mon but était d'arpenter l'université de Chicago, prestigieuse école où a notamment enseigné un certain Barack Obama. Et, devinez quoi ? Il ne m'est absolument rien arrivé, pas même un regard de travers ! (L’université en elle-même est sûre, mais c’est moins le cas pour les quartiers avoisinants, victimes de nombreux faits divers.)
Mais ce n'est pas ce que je souhaite souligner. De ma descente du métro jusqu'au parc Washington, je n'ai pas souvenir d'avoir croisé une seule personne blanche, pas un seul asiatique. Le parc traversé, on accède à l'Université. Je
constate alors que les étudiants de couleur se font inexistants, ou presque. Voilà, selon moi, l'un des symptômes de cette société. Tant que l'accès à l'éducation se monnaiera à prix d'or, tant que les classes populaires (soient les populations noires, disons les choses telles qu'elles sont) en seront exclues, ce pays ne comblera jamais cette fracture saisissante entre les blancs et les afro-américains.
Ayant pu profiter d'une semaine quasi complète et d'une météo inespérée pour visiter la ville, j’en suis littéralement tombé sous le charme. Puisque je ne peux m'empêcher un parallèle avec New York, je n'y ai pas retrouvé la même atmosphère parfois oppressante, le même bruit ambiant. Chicago est un réel plaisir à découvrir. D'ailleurs, son nombre de visiteurs a réellement explosé ces dernières années, pour atteindre 54,1 millions en 2016. Néanmoins, la grande majorité d'entre sont américains, la ville ayant encore du mal à rayonner à l'étranger, probablement encore victime de son passé sulfureux. Pour ma part, c’est une ville que je recommande chaudement !
« On peut voyager non pour se fuir, chose impossible, mais pour se trouver. »
– Jean Grenier