Autant le dire tout de suite : Toronto m'a déçu. Mais avant d'en arriver à cette conclusion, petit (grand) tour du propriétaire.
Y arriver en auto-stop a été assez compliqué. Une fois n'est pas coutume, c'est accompagné d'un backpacker Suédois, croisé au départ d'Ottawa, une main tendu vers la route, une pancarte gribouillée « Toronto » dans l'autre, que j'ai passé une journée entière a essayé de rallier Toronto. Ce n'est qu'au coucher du soleil que nous y sommes parvenus. À cet instant, aucun de nous n'avait trouvé de point de chute pour la nuit. Après un ultime message, je finirais finalement par nous trouver un hôte, une nouvelle fois via la communauté Couchsurfing. Qui plus est en plein cœur du centre-ville, dans les hauteurs d'une résidence récente, offrant un beau point de vue sur la cité. S'il y a bien quelque chose que j'ai apprise depuis le début de mon voyage, et notamment depuis que je fais de l'auto-stop, c'est qu'il ne faut JAMAIS perdre espoir, ne JAMAIS abandonner. Quelque chose de positif se cache TOUJOURS au bout du chemin !
C'est parti pour trois journées d'exploration, trois journées à crapahuter de quartier en quartier, de lieu d'intérêt en lieu d'intérêt.
Premier arrêt : la place Nathan Phillips, située en plein cœur du centre-ville. C'est sans nul doute LA place de Toronto, là où sont organisés de nombreux concerts, là où se trouvent l'ancien et l'actuel hôtel de ville. L'architecture de ce dernier, construit dans les années 60, est d'ailleurs assez singulière. En outre, la place dispose d'un grand bassin (malheureusement vide lors de mon passage, transformé en patinoire l'hiver.
Non loin se trouvent le Osgoode Hall, qui abrite de nos jours la Cour d'appel de l'Ontario, et la maison Campbell. Tous deux construits début du XIXe siècle, ils comptent aujourd'hui parmi les plus anciens bâtiments de la ville.
Parmi les autres bâtiments historiques que compte la ville, je citerai simplement St. Lawrence Hall, construit en 1850 pour être un haut lieu de la vie sociale et culturelle de la ville et le théâtre Massey Hall, érigé en 1894.
Toronto, c'est aussi des gratte-ciels et surtout une tour, la tour CN, emblème de la ville.
La tour CN (en anglais CN Tower) est une tour de 553,33 mètres située dans le centre de Toronto, au Canada, qui est devenue l'emblème de cette ville. La tour est parfois appelée la tour du Canadien National, car la compagnie ferroviaire du Canadien National (CN) était propriétaire de la tour. Pendant 34 ans, la tour CN a été la plus haute tour du monde avant d'être dépassée en 2009 par la Burj Khalifa et la Tour de télévision et de tourisme de Canton. Elle reste à ce jour la plus haute tour de l'hémisphère ouest.
Source : Wikipédia
La tour comporte un observatoire et un restaurant panoramiques. Bien que l'attraction soit un incontournable de Toronto, à raison de 36 CAD (hors taxes), j'ai préféré passer mon tour.
Le Canada étant (ou ayant été) un pays très catholique, on y dénombre toujours de très nombreux édifices religieux. Toronto ne fait pas exception en la matière.
À l'instar de Montréal, New York et bien d'autres grandes métropoles, nous retrouvons à Toronto un grand nombre de quartiers ethniques. L'incontournable quartier chinois, les classiques Little Italy (« la petite Italie ») et Greektown (quartier grecque), mais également Little India (« la petite Inde »), un quartier sud-coréen, un quartier portugais, un quartier polonais, etc. Avec plus de 230 nationalités recensées (!!!), Toronto est sans nul doute la ville la plus multiculturelle du Canada, voire au monde. Néanmoins, pour avoir parcouru certains de ces quartiers (chinois, italien, portugais, grecque et indien), je dois avouer avoir été quelque peu déçu. Outre Chinatown, où l'on retrouve toujours la même atmosphère, quelle que soit la ville, quel que soit le pays (et où je me dirige systématiquement, à la recherche d'une nouveauté, pour au final me rendre compte que j'y ai probablement perdu mon temps…), je n'ai rien trouvé de très singulier en les autres quartiers. Il n'y a guère systématiquement qu'une rue principale, commerçante, et quelques drapeaux pour rappeler une quelconque appartenance ethnique. Je pense que l'intérêt de ces quartiers (à Toronto) apparaît plus pour qui a attrait aux cuisines du monde, moins pour l’œil d'un touriste.
Finalement, les deux quartiers qui m'ont vraiment enjoué n'ont rien d'ethnique ; ce sont deux quartiers historiques de la ville. Il y a tout d'abord Kensington Market, quartier multiculturel, quartier d'artistes, limite hippie. Mais il y a surtout Distillery District, quartier historique qui abritait jadis l'une des plus importantes distilleries du pays, dont les bâtiments en briques rouges, rénovés, accueillent aujourd'hui des boutiques, des restaurants et des galeries d'art. Ce fut un vrai plaisir de déambuler dans les rues pavées de ce magnifique quartier, vrai coup de cœur de ma visite de Toronto.
À noter qu'à proximité de Kensington Market et Chinatown se trouve Graffiti Alley, que je comprends comme étant LA place où les artistes de rue de Toronto s'expriment. Mon avis d’amateur de street art, à la fibre artistique quasi inexistante : une ruelle sombre et sale, où s’extériorisent d'avantage des néo-graffeurs que de vrais artistes. À l'exception de trois ou quatre belles œuvres, rien de bien intéressant à y voir. Bien loin de la liberté artistique accordée à Montréal.
Situé en bordure du Lac Ontario, l'un des cinq Grands Lacs d'Amérique du Nord, Toronto joui par ailleurs d'un front de lac agréable, bien qu'un peu trop bétonné et manquant d'espaces verts à mon goût. Pour réellement profiter du lac tout en étant entouré de verdure, mieux vaut se rendre sur les îles de Toronto. Celles-ci, au nombre de quinze, se situent juste en face du centre-ville, d'où elles sont rendus accessibles via traversier (payant). On y trouve environ trois-cent résidences, un parc d'attraction, de nombreuses promenades, des plages, mais également un petit aéroport ! Par manque de temps, je ne m'y suis malheureusement pas rendu. D'ailleurs, j'ai été agréablement surpris de constater que Toronto offre de nombreuses belles plages, notamment dans l'agréable quartier The Beaches (littéralement « Les Plages »), à l'est du centre-ville.
Toronto offre bien d'autres lieux, plus ou moins sympathiques, plus ou moins paisibles :
Enfin, je finirai par une note un WTF : un château au beau milieu de Toronto ! La Casa Loma, délire architectural d'un homme d'affaires qui a souhaité, au début du XXe siècle, construire « un grand et imposant château d’influence classique et médiévale tout en étant moderne et pratique ». J'y ai fait un bref passage, de nuit. Mes photos ne révèlent donc pas vraiment l'étendu du projet.
Comme énoncé en introduction de cette étape, Toronto m'a déçu. Déçu notamment parce que je n'ai rien trouvé de particulièrement palpitant en cette ville, pas de charme ou d'atmosphère spécifique. Parmi mes griefs, parfois l'impression d'être dans un mini-New-York, mais sans y palper la même ambiance, des quartiers ethniques sans grand intérêt touristique, une architecture sans grande singularité (à l'exception de l'hôtel de ville et de la tour CN), des câbles de tramway dans tous les sens, une quasi absence de fibre artistique dans les rues, etc. Il n'y a guère que Distillery District et Kensington Market qui m'ont vraiment charmé. Un peu léger pour une ville de cette stature.
Ces sentiments m'ont été confirmés, à demi-mots, par deux de mes hôtes, qui m'ont dit avoir appris a aimer Toronto au final des années, et réellement adorer la ville aujourd'hui. (J'ai d'ailleurs entendu la même chose de Brest une fois, cette ville austère de la pointe bretonne :D) J'ai donc tendance à penser que Toronto ne se visite pas, mais se vit !
J'avais pas mal d'aprioris avant d'aborder mes deux étapes Ontariennes, notamment vis à vis de ses habitants, réputés froids et distants. J'avais pu m'en rendre compte à quelques reprises depuis mon arrivée au Canada, particulièrement durant mon trip dans le Canada atlantique.
Avant d'arriver en Ontario, je m'attendais à ce que l'auto-stop n'y soit pas aussi facile que dans les précédentes provinces traversées. Cela m'avait été annoncé par pratiquement tous les auto-stoppeurs qui s'y étaient aventurés. Et… cela s'est malheureusement confirmé.
Alors que dans les autres provinces du Canada, je n'avais jamais attendu un lift plus d'une heure, en Ontario, une heure fut mon temps d'attente moyen. Il m'aura fallu une journée entière pour rallier Toronto depuis Ottawa et, surtout, j'ai été confronté à mon second échec lorsque j'ai rejoint Windsor, ma destination suivante, située à seulement 370 kilomètres plus à l'ouest. Néanmoins, il se murmure que la patience est une vertu. Surtout lorsque l'on choisit de faire de l'auto-stop en Ontario !
Poucomètre : 15 351 kilomètres.
Après cette pleine semaine passée en Ontario, cette perception de distance et de froideur s'est plutôt confirmée. Mon jugement final est probablement influencé par mes a priori initiaux, mais force est de constater que j'ai eu beaucoup plus de mal à y faire de l'auto-stop et que sur les quatre personnes qui m'ont hébergé, je ne recense aucun « vrai » Ontarien (un franco-canadien, un mexicain, une russe et une iranienne). A vrai dire, j'ai même parfois eu le sentiment de retomber dans la froideur et l'individualisme des États-Unis, à l'opposé de ce que j'ai pu découvrir dans les cinq provinces de l'est du pays.
Ceci dit, je suis toutefois très content d'avoir visité les deux principales villes de la région et compte y revenir l'an prochain, notamment pour découvrir Kingston, ancienne capitale du pays, les incontournables chutes du Niagara et, peut-être, un ou deux parcs nationaux.
« Voyager, c'est naître et mourir à chaque instant. »
– Victor Hugo