Déjà près d'un an que j'ai quitté la France métropolitaine pour me lancer dans l'aventure du PVT au Canada. Au moment d'essayer d'établir un bilan de cette première moitié de voyage, je tente de me remémorer quels étaient mes plans, lorsque j'ai atterri à Montréal, le 18 janvier 2017. Aujourd'hui, même en relisant ce que j'avais écrit à l'époque dans ma première étape « La genèse, les préparatifs, le départ », je n'arrive pas vraiment à savoir ce que j'avais en tête à ce moment-là. J'évoque bien mon envie de m'orienter vers des métiers manuels, mais c'est à peu près tout. En fait, je me rends compte que je me lançais alors dans l'inconnue, tout en appliquant ce qu'un ami m'a un jour dit : « Mon plan, c'est de n'avoir aucun plan ! ».
Lorsque je regarde dans le rétroviseur pour observer le film de mon année, je me rends compte que j'ai eu l'opportunité de voir et de faire énormément de choses. À n'en pas douter, bien plus de choses que dans mes rêves les plus fous :
L'auto-stop d'ailleurs, parlons-en. J'avais bien en tête d'en faire… un peu. Mais de là à faire l'équivalent d'un aller-retour Roudourou - Pékin - Roudourou… !
Un an de voyage, c'est aussi 2 pantalons qui ont pris la direction de la poubelle, accompagnés d'une paire de chaussure et de quatre paires de chaussettes, deux paires de lunettes de soleil perdues ou cassées. Et probablement d'autres conneries dans le genre.
Difficile de ne retenir que trois ou quatre étapes sur les soixante-et-une publiées durant l'année 2017, mais certaines d'entre elles m'ont tout de même marquées plus que d'autres :
Par ailleurs, aucun regret durant cette année 2017, mais tout de même quelques déceptions, plus ou moins fortes :
L'une des choses qui m'interpelle le plus sur cette année 2017, au vu de mon parcours, c'est l'absence de moments délicats. Honnêtement, mis à part quand je me suis fait confisquer mon bel Opinel Tradition N°8 à l'aéroport de Plattsburgh, misérablement oublié au fond de mon bagage cabine, ou encore quand une brasserie renommée du Michigan a refusé de me servir au motif que j'avais oublié ma carte d'identité, tout cela après avoir fait tout spécialement une heure de route, rien ne me vient en tête.
Je pourrai bien citer les deux fois où je suis resté bloqué au milieu d'un trajet en faisant du stop. Où quand je me suis retrouver à payer une fortune un hôtel all-incluse à Cuba, dans un endroit que je pensais tout autre et alors que j'ai été malade, m'empêchant de boire la moindre bière. Mais tout cela ne résulte que de mauvais choix de ma part.
Je pense que l'une des clés du voyage, c'est le perpétuel optimisme. Avoir conscience que, malgré tout ce qui peut se passer, positif ou négatif, tout cela ne résulte que d'un choix de notre part. Personne ne nous a obligé à tout quitter pour partir à l'aventure. À partir de là, il m'apparaît hors de question de se plaindre, quand d'autres n'ont pas notre chance et doivent se lever chaque matin pour aller bosser.
La question de l'argent est indéniablement la meilleure excuse pour ne pas se lancer dans un voyage. Moi le premier, je l'avais prise durant quelques années, n'écoutant que d'une oreille les amis voyageurs qui me disaient « L'argent n'est pas un problème ! ».
Alors, oui, l'argent est nécessaire et important lorsque l'on veut voyager, surtout en Amérique du Nord. Mais il est possible de faire énormément de choses, avec un budget limité. Si j'excepte mes voyages aux Bahamas, à Cuba et en Jamaïque, ainsi que les périodes où je me suis établi pour travailler, soit 198 jours passés entre Canada et États-Unis, j'ai en tout et pour tout passé neuf nuits payantes : trois nuits en Airbnb à Montréal, un nuit d'hôtel lorsque je suis resté bloqué au milieu de mon trajet pour New-York City, une nuit en auberge à Miami, une en Gaspésie, deux autres à Halifax et enfin une nuit en camping dans le parc Terra-Nova. J'ai principalement été hébergé via la communauté Couchsurfing, avant de rentabiliser la tente achetée durant l'été. Des amis m'ont également parfois hébergé, notamment à Montréal (encore merci les gens !), j'ai fait un peu de bénévolat, me permettant d'obtenir le gîte et le couvert, et il m'est arrivé de dormir dans une voiture de location, dans un camion ou encore sur un banc…
De la même manière, je n'ai quasi pas dépensé d'argent pour me déplacer (voyages dans les Caraïbes exceptés, une nouvelle fois). J'ai payé un vol pour Miami, une voiture de location pour me rendre à Key West, un autre pour visiter les Everglades et les traversiers pour Saint-Jean de Terre-Neuve, Saint-Pierre-et-Miquelon et le Labrador, auxquels je dois ajouter les transports en commun dans certaines grandes villes. En tout, cela m'est revenu à environ 450 EUR.
Globalement, les neufs premiers mois de voyage, jusqu'à mon arrivée à Fort McMurray, m'ont coûté 9195 EUR (après déduction de l'argent gagné durant mon mois de travail à Montréal). Une somme importante, j'en ai bien conscience, et peut-être un peu en contradiction avec le discours que je tiens juste ci-avant. Mais une somme à relativiser au vu de mon parcours et des pays traversés ; le Canada et les USA sont des pays où le coût de la vie est cher. Et pour être honnête, même si au moment de faire les calculs, je m'attendais à une somme légèrement inférieure, et même si j'ai déjà utilisé les 3/4 de mon budget prévu pour ces deux ans, je n'ai absolument aucun regret !
Mes projets pour 2018 sont assez simples : continuer de profiter au maximum de l'opportunité qui m'est offerte de vivre et travailler durant deux ans au Canada. Je prévois de travailler durement jusque fin avril environ, histoire de renflouer les comptes. Ensuite, si tout se passe comme espéré, je devrais me lancer dans une aventure de trois mois, avant de finaliser mon tour des provinces canadiennes, et probablement achever mon voyage en visitant la côte ouest des États-Unis.
Par ailleurs, je me pose pas mal de questions sur le moyen de locomotion que je vais privilégier en 2018. Je ne cache pas que, bien qu'économiquement intéressant et riche en rencontres, l'auto-stop reste contraignant et fatiguant. Et je crains que ce soit une pratique moins adaptée à la découverte des Montagnes Rocheuses et des grands parcs de l'ouest américain. Affaire à suivre !
« À chaque fois que vous vous retrouvez à penser comme la majorité des gens, faites une pause, et réfléchissez. »
– Marc Twain