Saint-Pierre-et-Miquelon. On a tous entendu le nom de ce bout de France, mais de là à le situer sur une carte… Alors quand je me suis rendu compte que ces deux petites îles se trouvent à proximité immédiate du Canada, j'ai tout de suite eu en tête d'aller y faire un tour.
Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel français d'Amérique du Nord situé dans l'océan Atlantique nord, au sud de l’île canadienne de Terre-Neuve. Ancien département d'outre-mer, puis collectivité territoriale à statut particulier, c'est aujourd'hui une collectivité d'outre-mer.
L'archipel est composé de deux îles principales : Saint-Pierre, la plus petite qui abrite cependant 86 % de la population, ainsi que Miquelon constituée de trois presqu'îles.
Pour s'y rendre, outre les airs, une liaison maritime existe depuis le sud de Terre-Neuve. Compter une petite heure de traversée, un nouveau changement d'heure et 99,85 CAD (soit environ 67 EUR au moment de mon voyage) pour un aller-retour.
Après avoir passé ma journée le bras tendu, le pouce en l'air, j'arrive à Fortune juste à temps pour embarquer. Pour l'anecdote, le navire qui assure la liaison quasi-quotidienne est le Cabestan. J'étais persuadé que celui-ci ne m’était pas étranger. Et pour cause, jusqu'en 2009, c'est ce même navire qui reliait le Morbihan à ses îles (et notamment Belle-Île-en-Mer).
Après sept mois de voyage, je pose de nouveau le pied en sol français en début de soirée. La traversée aura été quelque peu mouvementée ; je pense qu'un quart des passagers au moins aura rendu ! Il était assez amusant de voir l'équipage se balader avec sachets et essuie-tout. Après avoir débarqué, première surprise : un poste de douane qui laisse vraiment à désirer. Bâtiment visiblement en travaux, mais tout de même, pas très digne à mon sens…
Formalités passées, que vois-je ?! Un graffiti de la CFDT. Une rutilante Renault Kangoo de la Gendarmerie nationale. Pas de doute, je suis bien en France ! Une fois n'est pas coutume, n'ayant aucun point de chute, je m'octroie une petite soirée dans le bar tendance du coin (toutes proportions gardées), histoire de voir si la Suze goûte pareil de ce côté de l'Atlantique.
Après avoir passé la nuit en tente, ce n'est que le lendemain matin, à la lumière du jour, que je découvre réellement Saint-Pierre. Je consacre ma première journée sur l'île à la découverte du centre-ville. J'explore. Je m'aventure sur la côte. J'essaie de percer le charme de cet archipel français égaré. Je tombe notamment sur ce fronton de pelote basque, rappelant les racines des premiers colons. Je constate qu'ici aussi, on a un goût prononcé pour les maisons colorées.
Passée la mini-euphorie de la veille, la satisfaction de retrouver un accent français familier, l'Euro (ouais, j'avais presque oublié que j'allais devoir retourner à l'Euro le temps de quelques jours), des Kangoo, du mobilier urbain familier, etc., je me suis assez vite rendu compte que je risquais de rapidement tourner en rond. Aucun endroit où « se poser » pour se reposer (café, librairie, etc.) ; l'unique café ouvre ses portes à midi pour fermer à 18h00. Aucun accès au wifi évident. Ce à quoi s'ajoute une ville totalement morte ente 12h et 13h. Pas un chat dans les rues, c'en est réellement impressionnant. Et des commerces qui affichent portes closes jusque 14h, supermarché compris.
Alors que j'avais prévu de passer mon week-end à Langlade et Miquelon, je reprendrais finalement le bateau retour dès le lendemain. Une journée de pluie, nul endroit où m'abriter, l'impression de tourner en rond et de perdre mon temps, auront eu raison de moi.
Je garde comme un goût d’inachevé de mon passage à Saint-Pierre-et-Miquelon. Je ne peux m'empêcher un parallèle avec les Îles-de-la-Madeleine, visitées deux semaines plus tôt. Dans un contexte insulaire qui m'apparaît similaire, je ne retrouve pas ici cette authenticité, une réelle attraction touristique. Il m'a été confirmé par la suite par des Terre-Neuvien que l'archipel n'offre plus les mêmes prestations que par le passé, que l'accueil des touristes laisse réellement à désirer, que l'on y retrouve plus cette bonne gastronomie française. Autre fait qui m'a marqué : cette décharge à ciel ouvert, pas vraiment cachée, pas vraiment excentrée. Je n'ai rien vu de tel aux Îles-de-la-Madeleine par exemple.
Bien que critique, je reste malgré tout content d'avoir vu ce petit bout de France, où les métropolitains s'aventurent plus souvent pour y travailler dans l'administration que pour y jouer les touristes. J'ai aussi conscience que mon expérience aurait probablement été différente si j'avais été d'avantage gâté par la météo.
« Un voyageur sage ne dédaigne jamais son propre pays. »
– Carlo Goldoni