Les Territoires du Nord-Ouest sont, avec le Yukon et le Nunavut, l'un des trois territoires du Canada. Tous trois sont situés dans la partie nord du pays. À l'inverse des provinces, qui disposent d'une certaine autonomie et d'une délégation de pouvoirs de la part du gouvernement fédéral, ces territoires sont sous gestion du Parlement canadien, situé à Ottawa, en Ontario.
Les Territoires du Nord-Ouest, abrégé TNO, sont la troisième plus grande subdivision géographique du pays, après le Nunavut et Québec. Néanmoins, elle regroupait au dernier recensement à peine plus de 40 000 habitants ; sa capitale, Yellowknife en accueillant près de la moitié. À noter enfin que les trois groupes Autochtones du Canada (les Amérindiens (ou Premières Nations), les Inuits et les Métis) constituent la majorité de cette population (environ 60 %).
Durant plusieurs mois, l'éventualité de rejoindre les Territoires du Nord-Ouest pour y travailler était pour moi bien plus qu'une simple idée, c'était devenu un réel objectif. Mais, comme j'avais pu l'expliquer dans une précédente étape, j'avais malheureusement dû me rendre à l'évidence que ce ne serait probablement pas le choix à faire dans l'optique de faire fortune en 5/6 mois de labeur. Quelle ne fut alors pas ma surprise lorsque la personne qui m'a embauché à Fort McMurray me propose d'enchaîner sur un nouveau projet, situé dans les TNO !
Alors qu'à « l'époque » Yellowknife était ma cible logique, étant, de loin, la ville la plus importante du territoire, c'est finalement via Fort Smith, petite localité d'environ 2 500 âmes située sur la frontière avec l'Alberta, que je vais découvrir les Territoires du Nord-Ouest.
La distance à vol d'oiseau – pas trop frileux – entre Fort McMurray et Fort Smith n'est que de 350 kilomètres. Le problème est qu'aucune route ne relie ces deux villes. Google Maps suggère ainsi un trajet redescendant vers le sud, pour mieux perdre le nord, avant de piquer une nouvelle fois vers le sud. Pas moins de 1 500 kilomètres et près de 16 heures de route.
Mais tout ça c'est sans compter sur ce merveilleux hiver canadien qui fait un formidable travail pour tout geler sur son passage : lacs, rivières, zones marécageuses, orteils, poils de nez, etc. C'est ainsi que des routes hivernales (Winter roads en anglais) sont créées et entretenus chaque hiver. Et ça tombe bien, puisqu'il en existe une qui comble le tronçon de route manquant entre Fort McMurray et Fort Smith. Néanmoins, hors de question de l'emprunter avec mon nouveau bolide, qui avait déjà du mal à tenir sa droite sur les routes verglacés de Fort Mac… C'est donc avec le pickup de l'un de mes collègues que j'ai fait le trajet. Plus sûr.
Au moment de prendre la route ce lundi matin, on ne savait pas vraiment dans quoi on s'embarquait. On avait en mémoire les images de la – très scénarisée – émission « Le Convoi de l'extrême », où des chauffeurs de poids-lourd « risquent leur vie sur des routes gelées par des températures impossibles ». On avait aussi en tête les conseils de prudences diffusés par les autorités : embarquer des jerricans d'essence, des vivres, etc. On savait aussi que la météo était idéale et que l'on allait y passer environ 6 heures. Mais nous n'en savions guère d'avantage.
Au final, sur ces près de 200 kilomètres de route saisonnière, alors que je m'attendais à ce que l'on circule sur la rivière gelée, on s'est contenté de la longer sur la majeure partie du trajet, la traversant à quelques reprises et parcourant une route en bonne condition, dessinée sur des zones marécageuses et sablonneuses, impraticables en temps normal. Un peu moins excitant qu'escompté, mais certains passages à travers le parc national Wood Buffalo étaient réellement magiques, dans une ambiance difficilement descriptible. Une route d’un blanc immaculé au milieu d’une forêt enneigée, le tout dans un silence de cathédrale.
Alors que nous escomptions croiser des bisons, très communs dans le parc, voire même des loups, c'est finalement 4 lynx, aperçus en bord de route, qui sont venus parachever cette expérience inoubliable.
En arrivant à Fort Smith ce 19 février, je n'ai qu'une vague idée de ce qu'il m'attend. Je sais que je mets les pieds dans une petite ville, où il n'y aura probablement encore moins à faire qu'à Fort McMurray, j’imagine que les conditions de travail vont y être au moins aussi difficiles, je sais que je vais vivre dans un « camp », où je serai logé et nourri, je sais donc que je vais économiser encore plus d'argent en vue des mois à venir :) Je ne sais par ailleurs pas vraiment combien de temps je vais y rester. Mais j'ai néanmoins une certitude : fin avril, au plus tard, il sera venu pour moi le temps de reprendre ma route à la découverte du Canada.
« Tes pieds t'emmèneront là où se trouve ton cœur. »
– Proverbe chinois