Sur la route de Trinidad, j’avais lu la présence d’un parc contenant de belles chutes d’eau, appelées El Nicho (littéralement « la niche »). Intéressé, je n’avais pas encore pris le temps de regarder comment m’y rendre. Un matin, alors que j’avais à peine terminé d’avaler mon desayuno (« petit-déjeuner » en espagnol), je me fais aborder à la sortie de ma casa. Probablement de bonne composition ce jour-là, j’ai décidé d’écouter le cubain avant de lui dire que je n’avais besoin de rien. Et, comme par magie, il me propose un taxi collectif pour le lendemain matin, vers Trinidad, avec un arrêt de deux-trois heures aux cascades El Nicho. Et le taxi viendrait me récupérer devant ma casa. L’aubaine ! Pour 20 CUC, l’affaire est entendue (mais « chut hein ! Parce que pour les autres passagers du taxi, ce sera 25 CUC ! »).
Le lendemain matin, le taxi est là, en avance, avec à
son bord une Irlandaise et un couple suisse. Tout le monde
avait payé le même prix : 20 CUC. Mais « chut hein ! ». C’est
parti pour plusieurs heures de routes, dans une vieille américaine que je vous avais montrée dans la précédente étape.
Autant la route entre La Havane et Cienfuegos était peu intéressante, étant essentiellement passé par le réseau principal (comprendre des « autoroutes » à 2x3, voire 2x4 voies, assez peu fréquentées et avec peu de choses à voir), autant la route pour se rendre à El Nicho fut magnifique ! Depuis Cienfuegos, elle nous oblige à arpenter des paysages montagneux (souvent pénibles pour notre vieux taxi), me permettant de découvrir la campagne cubaine, ses habitants, ses animaux et aussi sa pauvreté.
A notre arrivée dans au parc, le parking est quasi désert. Bon signe ? Mauvaise signe ? Tout ce que je sais c’est que notre chauffeur nous donne deux heures pour visiter (contre trois annoncées la veille ; il fallait s’y attendre !) et que l’entrée du parc coûte 10 CUC.
Après seulement quelques minutes de marche, on accède rapidement à de magnifiques points de vue sur la vallée et sur une rivière en contre-bas. Un peu plus haut, c’est une belle chute d’eau qui s’offre à nous, avec à son pied un bassin qui appel à la baignade. Nous décidons de ne pas nous y attarder, de poursuivre « l’ascension » et d’y revenir sur le chemin du retour. Au détour d’autres sentiers, nous tombons sur quelques autres points de vue sur le Massif de l'Escambray, puis, nous revenons assez rapidement sur nos pas, surpris d’avoir déjà fait le tour du parc. L’endroit vaut réellement le détour, mais nous nous attention à une balade plus longue et un peu plus difficile (compter 45 minutes environ). Qu’à cela ne tienne, nous retournons au pied de la cascade, piquer une tête ! Et là, c’est le drame… Environ 12 000 touristes selon la police, 72 000 selon les syndicats, s’y sont déjà amassés ! La baignade s’annonce moins tranquille qu’espérée. Malgré cela, la plupart des visiteurs ne se baignant pas et le cadre étant particulièrement magnifique, il est difficile de ne pas apprécier le moment.
En arrivant, on avait cru comprendre la présence d’un autre parc en contre-bas de la route principale. On décide d’aller y jeter un œil. Un cubain dans une guérite à l’entrée du sentier nous laisse penser qu’il va falloir de nouveau mettre la main à la poche. Finalement, que nenni : s'agissant du même parc, on a pu y entrer avec notre ticket précieusement conservé.
Cette partie était beaucoup moins fréquentée, voire quasi déserte. Probablement faute d'indications claires à son sujet à l'entrée du parc. Ici, on retrouve essentiellement une succession de petites cascades et de bassins, rappelant une nouvelle fois le parc national des lacs de Plitvice, en Croatie. L'endroit est magnifique et permet également la baignade, bien plus au calme.
Pour 10 CUC, ce passage par les chutes d'eau d'El Nicho fut une réelle bonne idée ! Et, au final, les deux heures accordées à la visite du parc nous ont été suffisantes pour en profiter pleinement.
Après un peu moins de deux heures de route, nous voici arrivés à Trinidad. Aucun de nous n'ayant réservé de casa, nous décidons d'effectuer des recherches ensemble, cela devant nous permettre de diviser les dépenses. Les taxis collectifs sont souvent une bonne opportunité de rencontrer des gens avec qui partager son voyage à Cuba, durant un ou plusieurs jours !
D'une manière générale, je déconseille de réserver des casas. Déjà parce que les plans peuvent changer très rapidement à Cuba, que ce soit de par la volonté de rester plus ou moins longtemps dans une ville ou de par les difficultés liées aux transports. Ensuite car il y a des casas libres partout ! Réservez une casa uniquement si vous prévoyez d'arriver tard dans une ville.
Bien que de taille relativement modeste (population estimée à 52 000 en 2005), Trinidad est aujourd'hui l'une des principales destinations touristique du pays, notamment de par son architecture singulière, héritée de son passé colonial. C'est dans cette ville que j'ai pu constater la plus grande concentration de touristes, avec notamment énormément de français ! Cela ne m'a néanmoins pas empêché d'apprécier le lieu à sa juste valeur.
Pas énormément de curiosités dans cette cité fondée en 1514, si ce n'est peut-être la Plaza Mayor, entourée de bâtiments datant des XVIIIe et XIXe siècles. En réalité, tout le cœur de la ville, entièrement pavé, est une curiosité en soi ! Parcourir ses rues est un réel plaisir, tant les bâtiments sont remarquables et l'ambiance agréable. Trinidad est également connue pour ses cours de salsa et pour ses nombreux concerts de musique cubaine. Un régal (les concerts, pas les cours hein) !
Si vous vous y rendez, vous pourrez observer une antenne située sur les hauteurs. À la recherche d'un point de vue, je m'en suis approché, pensant accéder à une zone militaire (l'endroit étant entièrement grillagé). En réalité, il s'agit d'un poste de télécommunication. Alors que je profitais de la vue sur la ville, son gardien m'a interpellé, m'invitant à le rejoindre. Bien m'en a pris, puisqu'il m'a offert un sublime point de vue sur la vallée, depuis le toit de l'un des bâtiments ! Il m'a même prêté ses jumelles, pour me permettre d'apprécier d'avantage toutes ses indications sur ce qu'il m'était donné d'observer.
Sur cette dernière photo, il est possible d’apercevoir un nombre important de feux de forêt. Sur la route depuis Cienfuegos, j'avais déjà pu constater de très nombreuses zones ravagées par le feu, le long des routes. Noël m'a expliqué qu'il est ainsi chaque année et que, faute de réserves suffisantes en eau (durant mon séjour, il n'avait pas plu depuis quarte-cinq mois, situation anormale !), les cubains sont impuissants et n'ont d'autre choix que d'attendre que les foyers s'étouffent d'eux-mêmes. Heureusement, aussi étonnant qu'il puisse paraître, les zones brûlées que j'ai pu voir étaient souvent très limitées.
Sur cette colline, j'ai également pu croiser un ancien bunker, qui aurait été creusé durant la révolution. À l'intérieur, rien de vraiment intéressant si ce ne sont quelques tunnels menant à un poste d'observation. J'avoue qu'au moment d'y entrer, je n'étais pas à 100% rassuré sur la finalité de mon exploration : allais-je finir au fin fond d'une prison cubaine ?!
Enfin, si vous passez par Trinidad, et tout particulièrement durant un weekend, ne manquez sous aucun prétexte Disco Ayala ! Cette discothèque est incontournable car située dans une immense grotte, sur les hauteurs de la ville. L'endroit est vraiment impressionnant et déroutant, tant par sa démesure que par le côté un peu glauque de l'expérience.
À une dizaine de kilomètres de Trinidad, se trouve la très belle plage Playa Ancón, Pour 4 CUC par personne, aller-retour, nous nous y sommes rendus durant une bonne demi-journée, histoire de se reposer un peu ! Fait assez étrange : alors que nous avons pu constater la présence de nombreux cubains, il m'a été rapporté par la suite (par un couple de français) que ceux-ci prennent généralement la fuite à l'arrivée de la police. Je n'ai pas réussi à savoir ce qui leur était interdit dans l'histoire, si c'est le lieu ou la mixité avec les touristes.
Cette étape à Trinidad était vraiment exceptionnelle, riche en découvertes sur le pays et sa culture. J'y ai passé deux jours, ce qui est à la fois trop et pas assez. Trop car on fait très rapidement le tour de la ville, mais pas assez tant il y a de choses à faire autour (randonnées, cheval, autres chutes d'eau, plage, etc.).
« Le voyage c'est aller de soi à soi en passant par les autres. »
– Proverbe Touareg