La vie et la culture Québécoise

Publiée le 04/03/2017
De retour à Montréal pour quelques semaines, je vous propose un petit point culturel afin d'essayer de vous en apprendre un peu plus sur la vie au Québec.

Les expressions et le vocabulaire québécois

Commençons par un petit point pratique : échanger avec un québécois. Pour pouvoir échanger, il faut se comprendre. Sur le papier, nous parlons la même langue. Dans les faits, il y a quelques nuances importantes et amusantes. Tout d'abord, dans le vocabulaire :

  • Allô signifie « bonjour » – Oui, qui m'appelle ? 
  • Bienvenue pour « de rien », « avec plaisir » – Euuuuh… pourquoi tu me souhaites la bienvenue ? Ça fait une heure que je suis dans ton resto ?!
  • Une liqueur est une boisson gazeuse, un soda – Vous me proposez de l'alcool, de si bon matin ?!
  • Une chicane est une querelle. Contrairement à nous autres, français, qui aimons râler pour un rien, les québécois ont horreur des « chicanes » inutiles !
  • Une gang est un clan, un groupe d'amis.
  • Un sous-marin est un sandwich baguette (en opposition au sandwich club réalisé avec un pain de mie carré par exemple).
  • Un itinérant est un sans domicile fixe.
  • Magasiner signifie « faire les magasins », « faire du shopping » (oups, un anglicisme !).

Ensuite, dans les expressions :

  • Pour un québécois, quand c'est correct, c'est que c'est bien, c'est bon, c'est d'accord, etc. (suivant le contexte) – J'ai mis ton hamster dans l'four à micro-ondes ! - C'correct !
  • Dans le fond débute souvent une phrase en québécois. – Dans l'fond, elle était bien bonne cette soirée, là !
  • Ne soyez pas étonnés si l'on vous dit « bon matin » pour vous dire « bonjour », le matin ! De la même manière, il est possible que l'on vous souhaite un « bon jour » (« good morning », « have a good day ». Vous suivez ?!).
  • Tu veux-tu un autre verre ? Euuuuh, tu veux-tu oui ! (Il semblerait que cette répétition du « tu » soit une transformation du « ti » en ancien Français : Tu veux-ti un autre verre ?)
  • Avoir de la misère à : avoir de la difficulté à… – J'ai de la misère à comprendre ce que tu me dis !
  • Pas de trouble ! : Pas de problème !

Et que l’on ne me dise plus que les québécois parlent « mieux » français que les français de France ! Parce que oui, nous utilisons bon nombre d’anglicismes, mais eux sont également champions en la matière. Florilège :

  • Une joke : une blague,
  • Une job : un travail. – Je vais à ma job.
  • C’est fucké : c'est fou.
  • Cute : mignon, sympathique.
  • Chiller : se détendre, passer du bon temps (de l'anglais « to chill »).
  • Plugger une prise : brancher une prise (de l’anglais « to plug »).
  • Canceller un rendez-vous : annuler un rendez-vous (de l’anglais « to cancel »).
  • Céduler une réunion : planifier une réunion (de l’anglais « to schedule »).
  • Parker son char : garer sa voiture (de l'anglais « to park ») (on refuse de dire « parking » et on utilise « parker » : ah bah bravo !).

Enfin, je n'oublie évidemment pas les jurons :

  • Tabarnak : putain, fait chier.
  • Câlisse : putain, fait chier.
  • Ostie de… : putain de… (souvent associé à « français » : Ostie d'Français !).
  • Maudit (souvent associé à « français » : Maudits Français ! Oui, on prend cher !).

Sacre québécois

Les sacres (synonyme de jurons au Québec) font partie du lexique du français québécois parlé. Véritables témoignages de l'héritage religieux du Québec, ils sont pour la plupart tirés de termes ayant trait à la religion catholique. En effet, l'Église catholique a joui jusqu'à la Révolution tranquille d'une influence considérable dans la société québécoise. D'aucuns estiment que les sacres ont constitué, en partie du moins, un exutoire vis-à-vis du contrôle exercé dans toutes les sphères de la société québécoise par l'élite ecclésiastique de l'époque.

Source : Wikipédia

Les différences culturelles

Au Canada, tous les prix affichés sont hors taxes. Suivant ce que vous achetez (certains produits alimentaires de base n'étant pas taxés), la facture peut donc grimper lors de votre passage en caisse ! Deux taxes sont appliquées :

  • La Taxe sur les Produits et Services (TPS) de 5%. Celle-ci est nationale et peut être assimilée à la TVA.
  • La taxe provinciale, dont le montant varie de 0 à 10% en fonction des provinces. Au Québec, celle-ci, appelée Taxe de Vente au Québec (TVQ), s'élève à 10%. Forcément !

En règle générale, il faut donc ajouter 15% à vos achats pour obtenir le prix d'achat effectif.

Honnêtement, je n'ai toujours pas compris pourquoi, ici, les prix affichés sont hors taxes. Il y a probablement une raison, mais elle m'échappe…

Autre point à ne pas négliger : le pourboire. Au Canada, le service n'est pas inclus à l'addition et certains salariés, comme dans la restauration, on un salaire de base inférieur au salaire minimum ; ils sont considérés comme des « employés à pourboires ». Lorsqu'un service nous est rendu, il ne faut donc pas oublier de laisser un pourboire, s'élevant « au minimum » à 15% de la facture hors taxes (ouais, ça peut devenir un peu compliqué de régler une addition…).

Personnellement, l'idée de base me séduit énormément, car cela « oblige » les serveurs, barmans, chauffeurs de taxi, etc. à apporter une attention particulière à leurs clients, à leur rendre un véritable service. Néanmoins, l'effet pervers est d'être parfois confronté à des personnes qui exagèrent à l'extrême le service, dans l'espoir d'obtenir un pourboire supérieur aux 15% de base. Un peu gênant parfois. A l'inverse, lorsqu'une personne propose un mauvais service, il est très compliqué de laisser un pourboire moindre, voire de ne pas en laisser. J'ai fait l'expérience, une fois, au moment de régler une bière, d'essayer d'expliquer à une barmaid que je n'allais pas lui laisser 15% de pourboire car elle avait été peu agréable (pour ne pas dire désagréable) : celle-ci s'est totalement braquée et énervée, je n'ai rien laissé du tout… ! Maudit Français !

En outre, il est parfois difficile de savoir s'il faut laisser un pourboire ou non, même pour nos amis québécois. Par exemple, dans les fast-foods, cela n'est pas obligatoire.

Au final, lorsque vous allez au restaurant, il faut ajouter au moins 30% supplémentaires aux prix affichés sur la carte. Ouch !

Voici quelques autres différences culturelles :

  • Dans la rue, même lorsque l'on est piéton, on respecte les feux rouges ! Maudits Français !
  • Lorsque l'on est dans une soirée, on ne se sert pas dans l'alcool des autres, sous peine d'une réelle crise diplomatique ! Chacun ses bières ! Maudits Français !
  • Lorsque l'on attend le bus, on se met à la queue. Hors de question d'essayer de passer devant quelqu'un qui attendait avant vous ! Maudits Français !
  • On soupe à 18h ! (en québécois, le « souper » correspond au « dîner », le « dîner » correspond au « déjeuner » et le « déjeuner » au « petit-déjeuner ».)
  • On ne fait pas la bise à tout-va. On serre la main. Maudits Français !
  • La bouteille de vin à 3€, vous oubliez ! Comptez au minimum 12$ pour une bouteille de piquette.

La vie à Montréal

Parlons un peu de la vie à Montréal ! Je vais vous lister tout un tas de faits et expériences que j’ai glanés après un peu plus d’un mois et demi de vie dans la principale ville québécoise.

Disclaimer

N’ayant, jusqu’à présent, vécu qu’une semaine en dehors de Montréal et n’ayant pas encore découvert d’autres provinces que le Québec, ces éléments ne doivent pas être généralisés au Québec (et encore moins au Canada). Il s’agit de mon ressenti et de mon expérience purement montréalais.

Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas de repos dominical : le dimanche est souvent un jour comme un autre, durant lequel la plupart des boutiques, des supermarchés, des cafés, etc. sont ouverts. De la même manière, il est courant que des commerces (et pas seulement des lieux de restauration rapide) soient ouverts 24h/24. L'exemple ci-dessous d'une pharmacie :

Jean Coutu est une enseigne de pharmacies franchisées.
Certains magasins sont même ouverts 25h/24 !

Les dépanneurs sont des épiceries, des supérettes de quartiers. On en retrouve à chaque coin de rue. Ceux-ci vendent tous types de produits mais l'on s'y rend essentiellement pour y acheter de la bière. Certains dépanneurs proposent plusieurs centaines de références, souvent locales. Et elles sont souvent moins chères que dans les supermarchés.

La devanture d'un dépanneur

La neige, c’est cool. Quand ça fond, c’est moins cool ! En effet, dans les jours qui suivent une chute de neige, les rues et trottoirs sont recouverts d’une neige humide, fondante et très sale ; presque de la gadoue. Celle-ci est appelée « slotche » (parce que quand on marche dessus, ça fait « slotche » !). A cela s’ajoutent de véritables marres d’eau qui se forment notamment au niveau des passages piétons, entre les trottoirs et la route (et parfois même au milieu des trottoirs). Au début, insouciant et innocent, on marche dedans en imaginant un ou deux centimètres d’eau, tout au plus. On le fait une fois, deux fois, mais jamais trois ! Ouais, parce qu’en fait il y a souvent plus de dix, quinze centimètres de profondeur… !

La slotche
Ça, par exemple, tu évites !
Ceci n'est pas une rivière asséchée, ceci est un trottoir !

Malgré cela, il faut néanmoins saluer l'efficacité du déneigement à Montréal. En effet, comme je vous l'avais déjà expliqué, après chaque épisode neigeux entre en action un vrai bataillon d'engins de déneigement et de semi-remorques afin de dégager les routes et les trottoirs et d'évacuer, dans des lieux de stockage, la neige tombée en abondance.

Le top du top pour déneiger et saler un trottoir !
Les petits comme les grands, tout le monde aide !
Les semi-remorques dans l'attente d'être chargées de neige

La température peut évoluer rapidement, très rapidement ! La semaine dernière, le mercure est remonté aux alentours des +15°C avant de rechuter à -10°C le lendemain... Une amplitude de 25°C en une journée !

Lorsque l’on aborde quelqu’un, il est très courant de commencer la discussion par « Français ? English? ». En effet, la ville étant réellement multiculturelle, et même si certains quartiers sont clairement identifiés, il est souvent très difficile de savoir si l’on aborde un francophone ou un anglophone. Dans les commerces la question ne se pose pas vraiment car les interlocuteurs sont la plupart du temps bilingues.

Lorsque l’on marche dans la rue, il est très fréquent de ressentir une odeur de cannabis. Sa consommation n’est pas – encore – légale au Québec, mais elle est néanmoins très répandue et – presque – tolérée.

Ici les salaires ne sont pas versés chaque fin (ou début) de mois mais chaque semaine ou tous les quinze jours. L’excuse des fins de mois difficiles est donc plus difficilement tenable… ou peut être avancée plusieurs fois dans le mois, au choix !

L’eau froide est gratuite au Canada ! Enfin, presque. En effet, la plupart des logements ne sont pas équipés du moindre compteur d’eau. Les gens ont donc la sensation de ne pas payer l’eau. Dans les faits, les choses sont un peu différentes car une partie des impôts fonciers est consacrée à l’entretien et à la distribution de cette ressource. Mais celle-ci représente souvent une part dérisoire. Résultat : la consommation moyenne d’eau d’un canadien varie entre 300 et 400 litres par jour (deuxième plus élevée après celle des étatsuniens) là où celle d’un français est d’en moyenne 150 litres par jour. Et, effectivement, j’ai pu constater dans la majorité des logements où je suis passé des robinets et autres toilettes fuyants, sans que cela ne semble alarmer qui que ce soit… Cette gratuité relative se justifie par des réserves d’eau douce parmi les plus importantes au monde : près de 10% du territoire canadien est recouvert d’eau douce (l’équivalent de trois fois la superficie de la France). Néanmoins, il semblerait qu’une prise de conscience de ce gaspillage commence à émerger. Par exemple, les nouveaux logements collectifs sont désormais souvent équipés de compteurs d’eau individuels. 

Pour vendre une maison, il faut savoir s'afficher ! Sur la plupart des panneaux indiquant une mise en vente apparaît la tête de l'agent immobilier. Au moins cela permet de savoir où passera la commission ! Et j'imagine que quand il n'y a pas de visage, c'est que l'agent est trop moche pour constituer un argument de vente…

Dites bonjour à Lise et Annie !
J'imagine que Jennifer n'est pas assez présentable…

Au Canada, les bureaux de poste se trouvent dans les pharmacies. En règle générale, il est même possible d'acheter des frites surgelées et des céréales dans toutes les – grandes – officines. À priori, vendre des médicaments n'est pas très rentable au Canada !

Les plots VLC ont cliqué sur les pubs « Enlarge your penis » !

Magnifiques plots VLC

À l'heure d'écrire ces lignes, il me reste très exactement deux semaines pour profiter du froid Montréalais avant de partir prendre quelques couleurs, un peu plus au sud. Avant de vous raconter cela, je ne manquerai pas de vous faire un résumé de quelques événements vécus à Montréal ainsi que sur mes premières expériences professionnelles.

« Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français, et vive la France ! »

Discours prononcé à Montréal, le 24 juillet 1967 – Charles de Gaulle

8 commentaires

François

RonronEtYoyo

Excellent article, j'apprends beaucoup de choses !

  • il y a 8 ans
Coralie

coralieJg

Génial, j'ai hâte de lire la suite

  • il y a 8 ans
Christopher

arzurchris

Sympa ton article !
Hors mis la slotche et les déneigeuses, pas mal d'analogies (en un mot) avec Londres comme l'affichage HT, les pourboires, la bise, les salaires hebdos et la piquette a £10 !

  • il y a 8 ans
Fabien

GxiGloN

En fait, beaucoup de choses semblent très "français". La culture anglo-saxonne diffère pas mal sur pas mal de points. Sans que cela soit forcément mieux ou moins bien :)

  • il y a 8 ans

Tomz

Un petit coucou de nous! Tu va nous revenir mi-galette mi-bagel. Sympa tes articles.

  • il y a 8 ans
Fabien

GxiGloN

Merci :D Mi-galette mi-bagel, ou complètement burger ! ^^

  • il y a 8 ans
Jean Marie

jfecteau20

Je suis Québécois et j'aime les commentaires, le lexique. Super. Bien écrit ce blogue et agréable a lire. Tombé sur ce site et effectuant une recherche de blogue pour préparer notre voyage en Alaska

  • il y a 3 ans
Fabien

GxiGloN

Merci pour ton gentil commentaire jfecteau20 J'espère que tu as trouvé des infos intéressantes pour ton voyage en Alaska :)

  • il y a 3 ans
1 Voyage | 108 Étapes
Montréal, QC, Canada
46e jour (04/03/2017)
Étape du voyage
Début du voyage : 18/01/2017
Liste des étapes

Partagez sur les réseaux sociaux