Commençons par un petit point pratique : échanger avec un québécois. Pour pouvoir échanger, il faut se comprendre. Sur le papier, nous parlons la même langue. Dans les faits, il y a quelques nuances importantes et amusantes. Tout d'abord, dans le vocabulaire :
Ensuite, dans les expressions :
Et que l’on ne me dise plus que les québécois parlent « mieux » français que les français de France ! Parce que oui, nous utilisons bon nombre d’anglicismes, mais eux sont également champions en la matière. Florilège :
Enfin, je n'oublie évidemment pas les jurons :
Les sacres (synonyme de jurons au Québec) font partie du lexique du français québécois parlé. Véritables témoignages de l'héritage religieux du Québec, ils sont pour la plupart tirés de termes ayant trait à la religion catholique. En effet, l'Église catholique a joui jusqu'à la Révolution tranquille d'une influence considérable dans la société québécoise. D'aucuns estiment que les sacres ont constitué, en partie du moins, un exutoire vis-à-vis du contrôle exercé dans toutes les sphères de la société québécoise par l'élite ecclésiastique de l'époque.
Source : Wikipédia
Au Canada, tous les prix affichés sont hors taxes. Suivant ce que vous achetez (certains produits alimentaires de base n'étant pas taxés), la facture peut donc grimper lors de votre passage en caisse ! Deux taxes sont appliquées :
En règle générale, il faut donc ajouter 15% à vos achats pour obtenir le prix d'achat effectif.
Honnêtement, je n'ai toujours pas compris pourquoi, ici, les prix affichés sont hors taxes. Il y a probablement une raison, mais elle m'échappe…
Autre point à ne pas négliger : le pourboire. Au Canada, le service n'est pas inclus à l'addition et certains salariés, comme dans la restauration, on un salaire de base inférieur au salaire minimum ; ils sont considérés comme des « employés à pourboires ». Lorsqu'un service nous est rendu, il ne faut donc pas oublier de laisser un pourboire, s'élevant « au minimum » à 15% de la facture hors taxes (ouais, ça peut devenir un peu compliqué de régler une addition…).
Personnellement, l'idée de base me séduit énormément, car cela « oblige » les serveurs, barmans, chauffeurs de taxi, etc. à apporter une attention particulière à leurs clients, à leur rendre un véritable service. Néanmoins, l'effet pervers est d'être parfois confronté à des personnes qui exagèrent à l'extrême le service, dans l'espoir d'obtenir un pourboire supérieur aux 15% de base. Un peu gênant parfois. A l'inverse, lorsqu'une personne propose un mauvais service, il est très compliqué de laisser un pourboire moindre, voire de ne pas en laisser. J'ai fait l'expérience, une fois, au moment de régler une bière, d'essayer d'expliquer à une barmaid que je n'allais pas lui laisser 15% de pourboire car elle avait été peu agréable (pour ne pas dire désagréable) : celle-ci s'est totalement braquée et énervée, je n'ai rien laissé du tout… ! Maudit Français !
En outre, il est parfois difficile de savoir s'il faut laisser un pourboire ou non, même pour nos amis québécois. Par exemple, dans les fast-foods, cela n'est pas obligatoire.
Au final, lorsque vous allez au restaurant, il faut ajouter au moins 30% supplémentaires aux prix affichés sur la carte. Ouch !
Voici quelques autres différences culturelles :
Parlons un peu de la vie à Montréal ! Je vais vous lister tout un tas de faits et expériences que j’ai glanés après un peu plus d’un mois et demi de vie dans la principale ville québécoise.
N’ayant, jusqu’à présent, vécu qu’une semaine en dehors de Montréal et n’ayant pas encore découvert d’autres provinces que le Québec, ces éléments ne doivent pas être généralisés au Québec (et encore moins au Canada). Il s’agit de mon ressenti et de mon expérience purement montréalais.
Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas de repos dominical : le dimanche est souvent un jour comme un autre, durant lequel la plupart des boutiques, des supermarchés, des cafés, etc. sont ouverts. De la même manière, il est courant que des commerces (et pas seulement des lieux de restauration rapide) soient ouverts 24h/24. L'exemple ci-dessous d'une pharmacie :
Les dépanneurs sont des épiceries, des supérettes de quartiers. On en retrouve à chaque coin de rue. Ceux-ci vendent tous types de produits mais l'on s'y rend essentiellement pour y acheter de la bière. Certains dépanneurs proposent plusieurs centaines de références, souvent locales. Et elles sont souvent moins chères que dans les supermarchés.
La neige, c’est cool. Quand ça fond, c’est moins cool ! En effet, dans les jours qui suivent une chute de neige, les rues et trottoirs sont recouverts d’une neige humide, fondante et très sale ; presque de la gadoue. Celle-ci est appelée « slotche » (parce que quand on marche dessus, ça fait « slotche » !). A cela s’ajoutent de véritables marres d’eau qui se forment notamment au niveau des passages piétons, entre les trottoirs et la route (et parfois même au milieu des trottoirs). Au début, insouciant et innocent, on marche dedans en imaginant un ou deux centimètres d’eau, tout au plus. On le fait une fois, deux fois, mais jamais trois ! Ouais, parce qu’en fait il y a souvent plus de dix, quinze centimètres de profondeur… !
Malgré cela, il faut néanmoins saluer l'efficacité du déneigement à Montréal. En effet, comme je vous l'avais déjà expliqué, après chaque épisode neigeux entre en action un vrai bataillon d'engins de déneigement et de semi-remorques afin de dégager les routes et les trottoirs et d'évacuer, dans des lieux de stockage, la neige tombée en abondance.
La température peut évoluer rapidement, très rapidement ! La semaine dernière, le mercure est remonté aux alentours des +15°C avant de rechuter à -10°C le lendemain... Une amplitude de 25°C en une journée !
Lorsque l’on aborde quelqu’un, il est très courant de commencer la discussion par « Français ? English? ». En effet, la ville étant réellement multiculturelle, et même si certains quartiers sont clairement identifiés, il est souvent très difficile de savoir si l’on aborde un francophone ou un anglophone. Dans les commerces la question ne se pose pas vraiment car les interlocuteurs sont la plupart du temps bilingues.
Lorsque l’on marche dans la rue, il est très fréquent de ressentir une odeur de cannabis. Sa consommation n’est pas – encore – légale au Québec, mais elle est néanmoins très répandue et – presque – tolérée.
Ici les salaires ne sont pas versés chaque fin (ou début) de mois mais chaque semaine ou tous les quinze jours. L’excuse des fins de mois difficiles est donc plus difficilement tenable… ou peut être avancée plusieurs fois dans le mois, au choix !
L’eau froide est gratuite au Canada ! Enfin, presque. En effet, la plupart des logements ne sont pas équipés du moindre compteur d’eau. Les gens ont donc la sensation de ne pas payer l’eau. Dans les faits, les choses sont un peu différentes car une partie des impôts fonciers est consacrée à l’entretien et à la distribution de cette ressource. Mais celle-ci représente souvent une part dérisoire. Résultat : la consommation moyenne d’eau d’un canadien varie entre 300 et 400 litres par jour (deuxième plus élevée après celle des étatsuniens) là où celle d’un français est d’en moyenne 150 litres par jour. Et, effectivement, j’ai pu constater dans la majorité des logements où je suis passé des robinets et autres toilettes fuyants, sans que cela ne semble alarmer qui que ce soit… Cette gratuité relative se justifie par des réserves d’eau douce parmi les plus importantes au monde : près de 10% du territoire canadien est recouvert d’eau douce (l’équivalent de trois fois la superficie de la France). Néanmoins, il semblerait qu’une prise de conscience de ce gaspillage commence à émerger. Par exemple, les nouveaux logements collectifs sont désormais souvent équipés de compteurs d’eau individuels.
Pour vendre une maison, il faut savoir s'afficher ! Sur la plupart des panneaux indiquant une mise en vente apparaît la tête de l'agent immobilier. Au moins cela permet de savoir où passera la commission ! Et j'imagine que quand il n'y a pas de visage, c'est que l'agent est trop moche pour constituer un argument de vente…
Au Canada, les bureaux de poste se trouvent dans les pharmacies. En règle générale, il est même possible d'acheter des frites surgelées et des céréales dans toutes les – grandes – officines. À priori, vendre des médicaments n'est pas très rentable au Canada !
Les plots VLC ont cliqué sur les pubs « Enlarge your penis » !
À l'heure d'écrire ces lignes, il me reste très exactement deux semaines pour profiter du froid Montréalais avant de partir prendre quelques couleurs, un peu plus au sud. Avant de vous raconter cela, je ne manquerai pas de vous faire un résumé de quelques événements vécus à Montréal ainsi que sur mes premières expériences professionnelles.
« Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! Vive le Canada français, et vive la France ! »
Discours prononcé à Montréal, le 24 juillet 1967 – Charles de Gaulle