Comme chacun le sait, Cuba est en train de se transformer peu à peu, depuis quelques années et suite à quelques événements marquants, tels que la mort de Fidel Castro et le réchauffement des relations avec les États-Unis. Que l’on partage ou non l’idéologie castriste, il est indéniable que Cuba fascine autant qu’il interroge.
Comme bon nombre de personnes avant moi, m’y rendre avant l’occidentalisation de sa culture liée à son ouverture m’est apparu « important », afin de constater par moi-même comment ce pays a pu survivre à la modernisation et aux assauts des puissances voisines.
En tant que Français, un simple visa de touriste suffit pour se rendre à Cuba. Bien qu’il semble possible de l’acheter à l’avance, dans les ambassades cubaines (à vérifier) et sur internet, celui-ci est normalement fourni par la compagnie aérienne choisie. D’une valeur de 25 dollars américains (sic), il est soit compris dans le prix du billet d’avion, soit achetable à l’aéroport, au moment de l’enregistrement des bagages.
Aujourd’hui, bon nombre de compagnies desservent Cuba et principalement La Havane. Partant des Bahamas, mon choix était plus limité : je me suis orienté vers Cubana de Aviación, compagnie nationale cubaine.
À l’aéroport, première surprise : mon vol n’est jamais apparu dans la liste des vols au départ de Nassau. « Normal » apparemment… Deuxième surprise : le nom de la compagnie n’est jamais apparu au-dessus des guichets d’embarquement. Il m’a fallu demander à plusieurs reprises où me diriger pour me faire enregistrer. Déjà décalé une première fois quelques semaines auparavant, le vol est finalement parti avec près de deux heures de retard, sans la moindre information ni explication. Rien d’étonnant lorsque l’on prend l’avion pour Cuba, m’a-t-on dit.
Dans l’avion, fait amusant : en plus de la traditionnelle déclaration de douane, il m’a été distribué un journal cubain, Granma Internacional (daté de trois jours auparavant…). La seule fois où cela m’était arrivé, c’était pour me rendre en Corse ! CQFD.
J’arrive à La Havane en soirée, sans avoir prévu quoi que ce soit, sans savoir où je vais dormir. Et, comme d’habitude, je n’ai absolument pas envie de payer un taxi pour me rendre au centre-ville et encore moins de le payer seul. Moyennement chaud pour faire du stop, une fois n’est pas coutume, je résiste aux assauts répétés des chauffeurs de taxis, parfois à la limite du harcèlement, pour prendre le temps de trouver un voyageur solitaire avec qui partager un moyen de transport. Et, comme très souvent, la chance me sourit : je tombe sur une française expatriée à Cuba depuis quatre ans, de retour d’un weekend au Mexique, qu’une amie cubaine est venue récupérer à l’aéroport. Elles acceptent de m'embarquer mais… je n’avais aucune adresse à leur indiquer, si ce n’est le centre-ville. Bien trop gentilles, elles se mettent en tête de me trouver une « casa » pour la nuit. On m’avait vanté l’hospitalité cubaine, j’ai mis peu de temps à en faire l’expérience ! Me voilà donc en route dans une rutilante Geely, voiture chinoise fraîchement importée, à la recherche d’un logement.
Les Casas Particulares sont des bed and breakfast (b&b) à la cubaine, très proche des chambres d’hôtes en France. Le plus souvent, il s’agit d’une chambre et d’une salle de bain privées, chez l’habitant. Il est possible d’y prendre le petit-déjeuner voire d’y déjeuner et d’y diner. Compter en moyenne 20 € pour une nuit, ce qui en fait le moyen le plus économique de se loger à Cuba.
On retrouve énormément de casas à Cuba, dans toutes les villes touristiques. Pour ouvrir une casa, les cubains doivent obligatoirement disposer d’une autorisation du gouvernement. Il faut également savoir qu’il est strictement interdit pour un cubain d’héberger un étranger à titre gracieux. Pas de couchsurfing à Cuba donc !
La casa trouvée (merci les filles !) à l’entrée de La Habana Vieja (la vieille Havane), il se fait déjà tard. Je sors tout de même marcher un peu dans les rues, afin de m’imprégner de l’atmosphère. Il m’avait été rapporté à plusieurs reprises qu’on se sent très en sécurité à Cuba : mes premières impressions le confirme.
De jour, le constat est sans appel : dans le cœur historique de La Havana, c’est le bordel ! Mais un bordel organisé. Des véhicules de tous types circulent sans réel code de la route, se frayant un chemin à coups de klaxon, des bus bondés, des raccordements électriques anarchiques, des cubains pas très à cheval sur la propreté, jetant leurs déchets à même le sol, etc. Mais il est impressionnant de constater à quel point le quartier est vivant. Des gens partout, dans la rue, dans les maisons, souvent grandes ouvertes, des échoppes à chaque coin de rue, des commerçants ambulants qui interpellent, des enfants qui jouent au ballon dans les rues pendant que les adultes jouent aux dominos sur les trottoirs, etc. Marcher dans La Habana Vieja est un spectacle permanent !
La
Vieille Havane, c’est aussi un grand nombre de lieux historiques à parcourir et
visiter. Nombreux sont les chauffeurs de taxis et de belles américaines,
retapées ou non, à proposer un tour complet d'une ou deux heures.
Personnellement, j’ai opté pour la marche. Une bonne journée suffit à faire le
tour du quartier.
Autre endroit incontournable dans la visite de la Havane : le Malecón (littéralement « la digue »). Ce boulevard longe la baie de La Havane sur 8 kilomètres. Le soir, très nombreux sont les cubains qui s’y retrouvent, pour discuter et boire une bière. Nous donnant une vision un peu plus dégagée de la ville, j’ai parfois eu l’impression de contempler une ville ayant été assiégée, tant les bâtiments en ruine ou à l’abandon et les gravats au bord des routes sont nombreux, spécialement dans le Vieux La Havane.
Si vous souhaitez prendre de la hauteur pour admirer la cité, voici trois endroits facilement accessibles :
Enfin, de l’autre côté du Canal de Entrada (canal donnant accès à la baie de La Havane) se trouve El Castillo De Los Tres Reyes Del Morro (littéralement « Le Château Des Trois Rois de Morro »). Cette fortification offre un point de vue magnifique sur tout le vieux La Havane. L’intérieur est visitable, moyennant quelques CUC ; ne l'ayant pas fait, je ne saurais dire si cela en vaut le coup ou non. Pour y accéder le plus simple – et le plus économique (0,40 CUP, soit 1,5 centimes d'Euro !) – est de prendre un bus au niveau du monument Maximo Gomez. Il est impossible de s’y rendre à pied.
Dès la
sortie de l’avion, vous allez être sollicités en permanence. Cela devient
parfois un peu oppressant, mais, en règle générale, ce n’est jamais agressif.
Vous entendrez des « taxi taxi » à chaque coin de rue, des gens vous
proposeront régulièrement des casas, d’autres, sous prétexte de
s’intéresser à vous et de vouloir vous aider, essayeront de vous guider jusqu’à
une supposée coopérative de cigares (où ils prendront une commission si vous achetez),
etc. Il faut simplement savoir dire (et répéter) « non », et tout se
passe toujours très bien.
En
outre, Cuba possède deux monnaies officielles : le Peso cubain (CUB) et le
Peso convertible (CUC). Sans rentrer dans l’origine des faits, la première est censée être destinée aux cubains alors que la seconde est quant à elle destinée
aux touristes (entre autres). En réalité, tout le monde utilise et accepte les
deux monnaies, ce qui peut amener un certain nombre de confusions, lorsque l’on
ne maitrise pas les prix et l’équivalence (1 CUC = 24 CUB). N’achetez par
exemple pas une boule de pain 1 CUC alors que cela en vaut un 1 CUB (j’en ai
acheté 3 pour… 3 CUC le deuxième jour, sans me poser la moindre question…). De
la même manière, le signe « $ » signifie CUB. Je pense que, bien
qu’informé, tout touriste qui se respecte se fait avoir plusieurs fois avant de
comprendre la gymnastique. D'autant que les cubains savent en jouer. Enfin, aussi étonnant que celui puisse paraître, le
CUC est désormais indexé sur le dollar américain : 1 CUC = 1 USD.
La négociation ne fait pas vraiment partie de la culture cubaine. Néanmoins, avec l’arrivée massive de touristes depuis quelques années, cela tend à changer. Les cubains tentent régulièrement de gonfler les prix, notamment pour les taxis et les excursions. Il ne faut donc pas hésiter à discuter ; le premier prix annoncé n'est jamais le bon ! De la même manière, le prix courant d’une casa est de 20 ou 25 CUC la nuit, auquel peut s’ajouter un petit-déjeuner pour 3 à 5 CUC. Pour ma part, j’ai pris pour habitude de demander une nuit et un petit-déjeuner (moins fourni) pour 20 CUC et cela a rarement posé problème, à La Havane comme ailleurs.
Après deux jours passés dans la capitale et bien que n’en ayant pas encore fait le tour, je décide de partir à la découverte du pays : direction Cienfuegos. Je pense trouver le temps de visiter le reste de la capitale sur le chemin du retour.
« Voyager, c'est voir le monde tel qu'il est et non pas comme on voudrait qu'il soit. »
– Damien PersonnazJe me suis enfin décidé à créer mon compte pour réagir à tes articles passionnant ! Continue de me (nous) faire rêver et rire (oui tu me fais rire). Pour ta prochaine étape, si le temps te le permet je te conseille de pousser jusque Trinidad au sud de Cienfuegos, mais tu l'avais peut être déjà prévu ;)