En arrivant en Nouvelle-Écosse, mon idée initiale était d'en faire le tour complet, en longeant la côte. Après en avoir discuté avec plusieurs locaux, rien de vraiment intéressant ne m'a été conseillé à l'est de la province. J'aurais même tendance à dire que l'on m'a d'avantage conseillé de foncer au Cap-Breton, sans perdre mon temps à l'opposé. Bien que j'eu vu quelques belles photos de Yarmouth, j'ai préféré suivre les conseils des Néo-Écossais.
Le Cap-Breton est une île, séparée du reste de la province par un détroit large de trois kilomètres. Sa superficie correspond à environ un cinquième de la Nouvelle-Écosse.
À l'instar des Îles-de-la-Madeleine, le Cap-Breton et son Cabot Trail sont souvent revenus parmi les plus belles découvertes des différents voyageurs que j'ai pu rencontrer jusque-là. J'avais donc grand hâte de m'y rendre !
La piste Cabot (Cabot Trail en anglais) est une route panoramique de la province canadienne de la Nouvelle-Écosse. Elle effectue une boucle d'environ 300 km autour de la pointe nord de l'île [...]. Elle porte le nom de l'explorateur vénitien Jean Cabot qui a découvert le Canada atlantique en 1497. La construction initiale de la route s'est terminée en 1932.
Source : Wikipédia
Au cœur de la boucle, le Parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton et ses 26 parcours de randonnées. J'avais en tête d'effectuer la boucle (toujours en auto-stop) sur quatre journées, en effectuant une randonnée par jour. Je suis finalement resté deux fois moins de temps dans cette partie du cap, en effectuant deux marches par jour.
Après avoir passé la nuit non loin de Chéticamp, village francophone situé près de l'entrée sud-ouest du parc, j'entame cette première journée de marche par l'Acadian Trail, randonnée de 8,5 kilomètres. Celle-ci offre quelques magnifiques points de vue sur la côte et sur le parc. J'ai néanmoins regretté que le sentier permettant d’accéder au point culminant ne propose rien de plus que de la forêt. D'accord, la forêt c'est beau. Mais lorsque l'on ne s'intéresse pas particulièrement à la faune et à la flore (comme moi donc), une forêt reste une forêt… Expérience donc un peu mitigée après cette première sortie.
Seconde randonnée de la journée : la Skyline Trail (8,7 kilomètres). Indéniablement le parcours le plus populaire du parc, notamment parce qu'il octroie une vue imprenable sur la piste Cabot. Là encore, un point de vue magnifique acquis au prix d'une longue marche au sein d'une forêt sans intérêt majeur.
Forêt intéressante jusqu'à ce que le chemin du retour m'offre deux orignaux ! J'avais eu l'opportunité d'en apercevoir un quelques semaines auparavant, à Stowe, mais pas d'aussi près. Belle bête !
Après avoir passé la nuit en tente à fleur d'eau, j'attaque cette seconde journée de randonnée par le sentier Franey, boucle supposée « difficile » de 7,4 kilomètres. Ici encore, même constat : de la forêt, de la forêt, puis, un sublime point de vue, sur une vallée où coule un cours d'eau quasi asséché cette fois.
La quatrième et dernière randonnée choisie, le Smokey Trail, ne fait pas réellement partie du parc national. Le sentier est situé dans le parc provincial de Cape Smokey, à une quinzaine de minutes à l'extérieur du parc principal. Alors que j'aurais dû effectuer une marche d'une dizaine de kilomètres le long de la côte, j'ai assez rapidement rebroussé chemin, faisant face à une voie laissée quasi à l'abandon, pas du tout entretenue, et à des points de vue presque dangereux.
Droit d'entrée quotidien au parc : 7,80 CAD. Gratuit en 2017.
Après deux jours passés à crapahuter dans le parc national du Cap-Breton, j’éprouve un sentiment partagé : j'ai certes eu accès à des points de vue magnifiques, sur un parc, sur la côte, mais j'ai surtout le sentiment d'avoir passé beaucoup de temps à marcher dans la même forêt. Qui plus est, le fait d'être en auto-stop m'a pas mal compliqué la tâche et ne m’a certainement pas aidé à apprécier l’expérience à sa juste valeur. J'étais en effet obligé de laisser mon sac à dos principal dans les centres d'informations du parc, trouver quelqu'un pour me conduire jusqu'au sentier désiré (souvent situé à plusieurs kilomètres), puis une autre personne pour faire le chemin inverse. Pas toujours évident !
Et le Cabot Trail dans tout ça ?! Il est indéniable que j'ai découvert une magnifique route, serpentant gracieusement à flanc de falaise. Mais je ne cache pas que je m'attendais à panorama plus exceptionnel. De mon point de vue, les routes côtières corses n'ont rien à envier à celles du Cap-Breton.
Je n'ai pas éprouvé de difficulté particulièrement à faire du stop en Nouvelle-Écosse. Le problème se pose surtout dans les zones fortement touristiques, tel que le Cabot Trail. Les touristes semblent en effet souvent plus réticents que les locaux à embarquer des auto-stoppeurs (ce que je peux comprendre).
Poucomètre : 9 526 kilomètres.
Je pense que cela s'est ressenti à travers ces lignes : je n'ai pas trouvé au Cap Breton l'endroit exceptionnel que l'on m'avait tant vanté. J'attendais probablement trop de cette île. Malgré tout, j'y ai passé du très bon temps et j'ai bien conscience d'avoir eu la chance de voir de sublimes paysages.
À noter enfin que j'avais prévu de consacrer mon dernier jour de visite en Nouvelle-Écosse à la Louisbourg et sa forteresse militaire du XVIIIe siècle. La météo en a malheureusement décidé autrement. Alors que j'ai été très épargné par le mauvais temps jusque-là, j'ai dû annuler cet ultime rendez-vous avec l'Histoire, la faute à une pluie à faire pâlir un Breton (de Bretagne celui-ci !).
« L’homme qui veut s’instruire doit lire d’abord, et puis voyager pour rectifier ce qu’il a appris. »
– Giacomo Casanova