Le lendemain matin, je me rends de bonne heure à la station de bus de Kingston, située dans le quartier d'Half Way Tree, considéré comme le nouveau centre-ville de la capitale du fait de son dynamisme commercial. Contre 450 JMD (un peu plus de 3 Euros), je prends place dans un minibus devant me conduire à Port Antonio. Première surprise : il n'existe pas d'horaire de départ ; les bus partent lorsque les chauffeurs ont réussi à les remplir. Il ne faut donc pas être pressé !
L'alternative au bus aurait été le taxi, ou le car. Deux options bien plus onéreuses et au combien moins intéressantes lorsque l'on souhaite s'imprégner de la culture locale. Bien que ce trajet de trois heures ne fut pas réellement confortable (dans le meilleur des cas, on assoie quatre personnes sur des banquettes pouvant en accueillir trois et demi, rentrées au chausse-pied), je l'ai énormément apprécié. Déjà de par la traversée extraordinaire du massif montagneux des Blue Mountains, mais également car j'étais le seul touriste engagé dans cette aventure et que quelques jamaïcains ont initié la conversation avec moi, dont notamment un avocat en costume cravate, sur le chemin du plaidoyer.
Le Jamaica Blue Mountain est un type de café obtenu à partir de caféiers cultivés dans les Blue Mountains, en Jamaïque. Les meilleurs lots se distinguent par leur saveur douce et peu amère. De fait, au cours des dernières décennies, le Jamaica Blue Mountain a joui d'une réputation qui faisait de lui l'un des cafés les plus chers et les plus recherchés au monde.
Arrivé à Port Antonio, je ne prends pas réellement de le temps visiter. Après avoir déposé mes affaires dans une sorte de B&B, négocié 1200 JMD (un peu moins de 9 Euros) la nuit, je file à la recherche des plages vantées par l'avocat rencontré quelques heures plus tôt. Je prends un nouveau minibus, encore plus surchargé que le premier, pour me rendre à Winnifred Beach, à une quinzaine de kilomètres à l'est (je me suis en réalité tout d'abord arrêté à Boston Beach, trois
kilomètres plus loin, qui s'est avérée être une plage payante). Il est fascinant de voir que, plus l'on se dirige vers l'est, plus le sable gris des plages se jauni.
Winnifred Beach s'est révélé être un endroit magnifique ! L'eau est peut-être moins translucide qu'aux Bahamas, le sable est peut-être moins fin, mais l’atmosphère y est tellement meilleure ! Être entouré des quelques familles jamaïcaines présentes ce jour-là (et de rares touristes), voir une vingtaine d'enfants et d'adolescents s'amuser dans l'eau, avoir à disposition deux-trois bars faits de bric et de broc est au combien plus agréable (selon moi). J'aurais souhaité y passer le reste de ma journée, si un orage tropical n'était pas venu contrarier mes plans…
L'orage, à faire pâlir une bonne tempête bretonne, n'aura finalement pas cessé du reste de la journée. Toujours aussi virulent le lendemain matin, je décide, un brin déçu de ne pas avoir pu profiter d'avantage des lieux, de quitter Port Antonio pour me rendre de l'autre côté de l'île, à Montego Bay.
Malgré tout, je suis satisfait de ce passage sur la côte nord-est du pays, qui m'aura donné une toute autre vision du pays et de sa culture. J'y ai rencontré des gens vraiment sympathiques et prévenants avec les touristes.
« Le voyageur est celui qui se donne le temps de la rencontre et de l'échange. »
– Frédéric Lecloux