José et moi n'avons pas le même ressenti devant l'art, c'est ce qui fait aussi le charme de notre "nous". D'un commun accord, nous souhaitions revoir le plafond de La Chapelle Sixtine, une vraie merveille en soi, soit. Mais TANT de gens venus du monde entier, TANT de promiscuité, TANT de bruit, TANT d'argent, chaque jour déversé dans les caisses du Vatican alors que TANT de pauvres vivent dans les rues !!!! J'avoue que ça me rend obtus , me dépasse aussi et affaiblit mon enthousiasme . Cependant, devant la passion, l'extase de José, ses connaissances croustillantes que j'ai la chance d'écouter, je me laisse séduire et, je le reconnais, grâce à lui, je regarde l'oeuvre avec un regard plus affiné. Les deux personnages dont je suis absolument fan sont: Michel Angelo et le Caravagio parce qu'ils osent, malgré tous les interdits, imposer leur art tel qu'ils le ressentent. À travers leurs peintures se dégage un tempérament de feu et en même temps une rare sensibilité: j'aime ça. Je vous laisse avec José qui, je le sais par avance , va vous passionner . Ciao e bona note.
Rome, le Vatican, le plafond de La Chapelle Sixtine . Lorsque nous pénétrons, l'esprit d'un génie nous saisit : Michel Ange. J'ai déjà raconté l'histoire de son David mais celle du plafond de La Chapelle Sixtine est encore plus étonnante. C'est le Pape Jules II qui eut l'idée de décorer le plafond. Un Pape au fort caractère, voire belliqueux. Il voue à Michel Ange une certaine affection, ce qui dérange un autre génie de l'époque, Raphael, grand peintre de la renaissance, mais aussi architecte. Ce dernier propose une esquisse d'une fresque dont le sujet représente la Genèse. Le Pape l'approuve. Cependant, contre toute attente, Raphael lui fait une proposition surprenante : " Et si nous donnions la réalisation de cette oeuvre magistrale à Michel Ange !" Le Pape en reste pantois : " Mais Michelangelo n'est pas peintre, il est sculpteur et architecte." Raphael insiste : " C'est un homme de défi, nous verrons bien, s'il ne s'en sort pas, je serai là." Raphael est sûr que Michel Ange refusera, car la peinture n'est pas sa spécialité et l'oeuvre est trop importante. Un refus diminuerait l'aura que Michel Ange a auprès du Pape et le placerait, lui, en favori. Lorsque le schéma de la fresque est présenté à Michel Ange, celui-ci reste silencieux, tourne autour, l'examine puis lâche: " J'accepte " Raphael est surpris mais il ne peut s'empêcher de penser que Michel Ange va à sa perte, ce qui le conforte. Mais le maître pose ses conditions : "Je tiens à ce que pendant toute la durée de mon travail, personne ne puisse voir l'oeuvre avant quelle ne soit finie, y compris vous, votre Sainteté, je souhaite que vous ayez une surprise totale! Jules II connait le caractère acide de Michel Ange, ils se sont accrochés plus d'une fois, mais il accepte la condition. Aux yeux de Michel Ange l'oeuvre proposée par Raphael lui apparait trois statique, trop classique. Sans l'accord du Pape il décide donc de garder le sujet mais de changer la composition. Son choix d'exécution est de peindre à Fresco: technique difficile mais qui a l'intérêt de durer dans le temps. Michel Ange peint sur l'enduit avant qu'il ne sèche, ce qui rend difficile les retouches. Il commence son oeuvre en 1508 et la termine en 1512. L'exécution de l'échafaudage constitue à lui seul, une performance puisqu'il suit l'ovalité du plafond et permet au maître de travailler debout et à la même distance. Au bout de deux ans, Jules II, impatient, ordonne de voir son oeuvre. Michel Ange refuse mais devant la furie du Pape il lui accorde de découvrir seulement une dizaine de m2 : " J'ai l'impression que ça ne ressemble pas à ce que nous t'avions proposé!!" Michel Ange sourit. A l'origine de l'oeuvre, les saints, les anges, les prophètes, tous étaient vêtus, sans laisser paraitre ni un sein, ni une fesse. Le soir Michel Ange partait croquer dans les tavernes de Rome des figures du peuple dont il s'inspirera. Quelques jours avant de dévoiler son oeuvre, il fait une requête au Pape : " Je voudrais que le peuple de Rome soit présent lors de la libération de mon oeuvre. Jules II accepte. Raphael, curieux mais aussi anxieux ne tient plus en place. Le grand jour arrive, les cardinaux, les hommes d'états, des artistes de renom et le peuple de Rome sont présents . Un immense drap dissimule l'oeuvre. Dans un silence absolu Michel Ange demande de la libérer. Adam est nu. On dit que le Pape s'agenouilla et que Raphael se mit à pleurer.
Michel Ange a fait la démonstration d'une parfaite maitrise de l'anatomie humaine et du mouvement des corps ce qui transformera la peinture occidentale.
La scène de la création d'Adam a acquis une renommée universelle.
En ce jour de la Femme, je dois avouer que je suis autant impressionnée par l`homme! Bravo à tous les deux pour ces textes magnifiques et ses photos d'une grande poésie qui me touchent beaucoup. Cela mérite un grand livre au retour!
Pierre-Yves a bien fait de vous rencontrer sur le chemin....On vous embrasse très
fort
Chantal