Dés 9 heures, ce matin, Gabriel et moi sommes déjà en route, les forts: Pégase et José nous montrent le chemin. Je respire le joli printemps qui s'installe: les fruitiers en fleurs, les beaux lilas violacés, les tapis fleuris, veloutés, et ces gazouillis merveilleux qui chatouille mon âme!!! Même les serpents sortent de leur hibernation , annonçant la chaleur. Sans le vouloir, j'ai écrasé une vipère, José m'a donné confirmation : " elle est petite, a la tête triangulaire avec le V dessus". Je ne sais pourquoi, il m'est venu en tête la chanson d'Alain Barrière: "Elle était si joli ,e, que je n'osais l'écraser". Mais c'était sans compter sur mon Gabriel qui veille sur moi comme un ange gardien! Que je l'aime!! Il a des élastiques, du gros scotch, du ruban adhésif super collant pour réparer ses" bobos" , il est tout crotté, il reste toujours open pour avancer: quelle magnifique mécanique !!!
Plus on monte, plus la Nature, généreuse , tente de camoufler les bombardements, poussant au milieu des décombres et des gravats. Même dans la forêt , les vestiges enfoncés m'impressionnent . Nous pouvons rendre grâce de ne pas connaitre la guerre!
Dans les pauvres villages traversés, des tôles, des planches de toutes dimensions, des pierres, des briques, tout sert au rafistolage, les maisons n'ont pas fière allure cependant, le plus important demeure, les rires des enfants fusent en nous voyant passer, les adultes sourient et lèvent la main . Ici, je le ressens, rien n'est acquis, personne n'est blasé, les hommes paraissent des armoires, la force aujourd'hui semble être la meilleure arme. Un tank énorme servant de mémorial avec des pots et des fleurs en plastique au sol m'a foudroyée. Tellement de choses à voir, à penser que je reste surprise en voyant le panneau Gospič ( Gospiche), 53km, lieu de notre halte.
Ivan nous accueille , une armoire à glace avec un sourire d'enfant. Il est tout heureux de bien nous installer. Tout est au top!