Un ciel menaçant, de nombreux km pour rejoindre Budva mais il n'est pas question de rester ici, il n'y a rien à voir et l'hôtel doté de 4 étoiles en vaut à peine 2. Aucune hésitation , nous filons. Après un petit déjeuner , très bof, ( les Albanais sont vraiment plus raffinés) nous nous arrêtons au village pour boire un café; Je demande juste où nous pouvons acheter un drapeau du Monténégro, le patron du bar rentre à l'intérieur et en ressort, brandissant l'étendard . Un cadeau de plus. La première partie de la route courre la campagne, la plupart des maisons restent en ciment gris, peu de façades sont peintes par contre jardins, champs demeurent bien entretenus, le coq pavane au milieu de sa cour, les oeufs doivent tenir fermes dans la poêle avec un beau jaune orangé. Aussi, les joues des enfants semblent en être colorées. En deuxième partie, nous rejoignons la route nationale bordée sur la droite par la voix ferrée. Peu de place pour Pégase et Gabriel, trop de circulation, pas agréable voire dangereux. Une bifurcation se présente au bout de 3O km: à gauche, un itinéraire plus court mais un long tunnel qui traverse la montagne, à droite un haut col à franchir. José me demande: je n'hésite pas une seconde, le plus dur nous parait le plus sûr. La route est belle, peu de circulation car c'est l'heure du repas, la chape de nuages reste pour le moment en suspend. Notre choix a été le bon. Ça grimpe fort, les vues magnifiques me font mesurer à quel point nous sommes haut, la mer tout en bas ne scintille pas sous la grisaille; Je me surprends à parler à mon Gabriel: "Allez on va le gagner ce col!" Nous faisons une belle équipe dotant que c'est lui qui a le plus gros chargement. " Allez, petit vaillant, on y est presque!" BRAVO!!! C'était pas du gâteau ! Une brume épaisse nous recouvre, nous empêchant de discerner à 2 pas. Je descends doucement en priant que ceux qui viennent derrière puissent voir à temps notre mini clignotant fixé sur la tige où flottent nos drapeaux. Les gouttes ne tardent pas à me picoter, ma visière est criblée, je distingue à peine, l'humidité me glace les os, je sais qu'il reste encore 22km. Je ne sais où je puise ma vaillance, j'avance, j'assure, José ne cesse de me complimenter, j'apprécie . A vrai dire, je me régale. Bienheureuse quand même d'arriver:, nous sommes trempés, nous n'avons rien dans le ventre depuis 8h ce matin, galère avant de trouver l'hôtel, une fois que nous y sommes, pas de garage pour nos héros, bref, le train train quotidien. On s'en fout, on est à bon port, saints et saufs!!!