Rien de tel pour démarrer une journée qu'une bonne suée sur une piste ensablée où il ne faut surtout pas s'arrêter sinon vous ne repartez plus. Ce slalom en force et en nage a duré 4km 800 : une paille, qui nous a valu une forte engueulade. Qui plus est, Naviki s"en mèle, il perd le nord, nous rebroussons chemin plusieurs fois, tout pour plaire!! MAIS, MAIS, MAIS, c'est sans compter avec la PRO- VIE- DANSE. Il est 15 h nous n'avons rien avalé depuis le merdique petit déjeuner de 8h. Nous avons soif, faim, un semblant de hameau se présente . Trois jeunes stagnent devant une petite devanture, ils ont des boissons dans les mains, je demande si l'on peut acheter à boire: dak dak, le oui polonais. Je rentre, une épicerie de poupée comme on en raffole gamin mais aussi cyclotouriste. José me rejoint . Nous prenons bière, eau, gâteaux au détail .La dame a un sourire magnifique, j'aurais bien aimé flâner dans son bazar à envies mais la route est trop longue ce jour. Lorsque nous retournons à nos vélos, une escorte de jeunes les explore, nous grignotons et buvons en leur compagnie. Je rapporte la bouteille en verre à l'épicière et c'est alors qu'elle me dit d'attendre avec sa main, elle revient avec une assiette de pâtes et de ses yeux rieurs me dit : dak dak?? Sans hésiter je répond Dak. Je sors prévenir José qui me grommelle que les km nous attendent mais devant ma ferme décision, il s'incline. Oh, jolie dame, dotée d'une grâce exceptionnelle!! Elle nous fait rentrer Pégase et Gabriel dans son jardin à l'abri des regards puis nous invite dans sa cuisine, nous sert en tourbillonnant comme une princesse deux assiettées de son délicieux ragout de pâtes , la clochette de son commerce ne tarde pas à sonner, elle nous engage à manger mais nous l'attendons. Elle revient toute guillerette, nous parle, parle, combien de choses qui paraissent si jolies!!! Je me montre du doigt : Geneviève, je touche José : José, et vous?? Il faudra le faire plusieurs fois avant que le Dak dak : Barbara clame t'elle toute contente d'avoir compris; Je me lève pour l'embrasser elle sent bon, un vrai bonheur. Je joins mes mains pour la remercier de son plat cuisiné, elle fait signe de m'asseoir, dépose une coupe de fraises , une autre de biscuits, elle nous dit de manger et ses yeux rieurs nous incitent à piquer le joli fruit, puis elle tourbillonne en soulevant à peine sa robe comme une gamine de 15ans , s'en va dans sa boutique et en revient avec une énorme brioche qu'elle coupe en deux morceaux et nous les offre dans une assiette avec une joie tellement éclatante que nous n'osons refuser. Kava? dak dak, Ses yeux donnent envie de dire oui à tout. Elle nous montrera ses poules, en délogera certaines pour nous déposer les oeufs encore tout chauds dans nos mains. Nous avons beau lui expliquer que nous ne pouvons les emporter : dak dak répond elle toute enjouée. Nous irons jusque dans son champ pour voir ses deux vaches et son petit veau. Son potager et ses herbes fraiches, toute sa fortune est là, autour d'elle. Elle ne connait que Varsovie à cause de l'hôpital où son mari est mort il y a 7ans, nous avons vu sa photo et ses yeux se sont assombris , celle de sa fille et de ses deux petits enfants, ils ont repris de l'éclat . Je pensais qu'il fallait qu'on se quitte parce que la route était encore longue, alors j'ai joins mes mains sur mon coeur comme une prière pour l'immense reconnaissance, je l'ai embrassée de tout mon coeur en lui disant à l'oreille : que Dieu vous protège, elle m'a sourit . J'étais pétrie de chagrin de laisser une grâce pareille et c'est seulement après les nombreux pouet pouet, que mes larmes ont brulé mes joues. MERCI belle Barbara, nous avons connu aujourd'hui l'incarnation de la grâce.