Levés encore aux aurores (merci le coq). Pdj puis juste le temps d'empaqueter nos affaires dans nos petits sacs. Bon en même temps cette tâche est plutôt rapide, nous n'avons pas emmené beaucoup d'affaires pour nous changer, à la dure ! On se met en route dès 8h30 pour 4h de marche dans la profonde forêt pour rejoindre un refuge à Sacambu.
Le guide commence par nous frayer un chemin à la machette dans les herbes hautes, il fait une chaleur étouffante & humide, on est déjà en nage ! Dès la première heure de marche, on est déjà à bout à se battre contre les nuées de moustiques à chaque stop. Par contre, Nixon qui connaît la jungle comme sa poche, nous montre un paquet de trucs ouf : un arbre changeant de peau tous les 3 mois, une grenouille couleur feuille, un lézard noir mortel, un incroyable arbre rouge sang, un caoutchoutier (!), l'incroyable arbre bicentenaire au tronc le plus large de la jungle et abritant un chaman, une vraie termitière, un arbre à épines venimeuses, un fourmilier géant « tamanoir », des singes ou autres araignées létales & colorées. L'occasion parfois aussi de ramasser des fruits « lulo » ou des papayes pour en faire un jus ce soir au refuge. La jungle est un vrai garde-manger à ciel ouvert !
Au hasard d'un sentier, à notre droite avec Claire, on entend un « sssssss » et des bruits de feuilles, on tourne la tête et apercevons un serpent géant s'enfuir en quelques secondes dans un grand bond au-dessus d'une racine, il a eu encore plus peur que nous ! Toujours cette nuée de moustiques, ce n'est pas faute de nous asperger toutes les 5 min de 2 anti-moustiques différents, Claire ayant déjà eu la dengue au Laos en janvier, on en a vraiment peur maintenant, d'autant que cette étouffante chaleur tropicale nous rend paranoïaques : notre mal de tête et notre état fiévreux sont-ils dus à la chaleur ou à un début de maladie ? A chaque pas, des bruits plus ou moins identifiés. La chinoise du groupe manque de s’empoisonner à un moment en s'apprêtant à poser la main sur l'écorce d'un arbre vénéneux ! C'est chaud l'Amazonie.
A la moitié du parcours, une pluie torrentielle nous tombe dessus, on a les jambes lourdes, le souffle court, on transpire à grosses gouttes mais on s'accroche. On sort nos capotes imperméables roses offertes par l'agence et ressemblons à 2 spermatozoïdes dans la jungle mais au moins ça protège un peu de la pluie et des moustiques de mierda. On doit traverser de nombreux ruisseaux sur des micro ponts de fortune bien glissants, certains sont parfois profonds de 4 mètres, ça fait un peu épreuve « Fort Boyard » grandeur nature & en moins marrant (et sans le Père Fouras).
On arrive enfin au bout du calvaire vers 12h45 après 4h d'expédition aussi intéressante qu'éprouvante. Une pirogue vient nous chercher pour nous conduire au refuge, un ensemble de maisons rudimentaires mais joliment peintes en bleu et toutes sur pilotis (car le niveau de l'eau monte de 13 mètres pendant la saison des pluies !). Good news, nous aurons un lit et non plus un hamac ce soir. De drôles d’oiseaux noirs font sécher leurs ailes au soleil pas loin. Dej puis vers 15h on part à la recherche de dauphins roses peuplant les eaux environnantes. On voit beaucoup de petits dauphins gris et finissons par apercevoir subrepticement un grand dauphin rose ! Moment serein à guetter les moindres mouvements d'eau dans l'attente que les dauphins sortent leur tête. On reste un peu et nous baignons devant le coucher de soleil, superbe ! J'ai cru sentir une morsure de piranha dans l'eau mais j'ai dû halluciner.
A peine le temps de revenir au refuge que la nuit tombe et que nous partons en quête de caïmans ! On prend nos lampes frontales, mais le guide demande d'éteindre toutes les lumières sauf la sienne. 30 min à naviguer presque en pleine obscurité à la recherche des monstres et entourés de centaines de bruits inconnus, ça fout bien la trouille mais c'est tout autant grisant ! Notre guide arrête la pirogue près de fourrés et descend chercher quelque chose, il remonte 5 min plus tard avec un bébé caïman dans les mains ! On dirait un gros lézard en plus visqueux. Le temps de prendre quelques photos puis sur le chemin du retour on voit de loin les yeux jaunes brillants (lorsqu’on les éclaire) d'un gros caïman, apparemment long de 3 mètres, nous en resterons loin et rentrons.
Le soir, dîner où l'un des colombiens du groupe fête son anniversaire, on lui chante tous « bon anniversaire » dans notre propre langue. Good night bien méritée.