Arrivée qui pique à 4h à Tulcan, on était bien dans le bus et on se gèle un max ici. Il fait nuit et des tas de gens aux coins de la gare amassés sous des plaids, on ne traîne pas trop pour prendre un taxi direction le poste frontière à quelques kilomètres de là.
Nous avions entendu parler que depuis quelques mois, à cause de la crise au Vénézuela, beaucoup de migrants Vénézuéliens tentaient de passer la frontière Colombie-Equateur. On savait que cette situation durait depuis plus de 6 mois et pensions que cela c'était un peu calmé mais ce que nous allons voir va bien au-delà de tout ce qu'on aurait pu imaginer.
Un peu pressés d'arriver à la frontière, on approche en taxi et là on aperçoit au loin des milliers de personnes. Des gens partout partout ! On hallucine un peu depuis la fenêtre du taxi et on sent notre sang se glacer… c'est quoi ce bordel et il n'est que 4h20 du mat' !
Non pas des dizaines ni des centaines mais des milliers de zombies sous 3-4 couvertures avec sûrement toute leur vie avec eux et déambulant là en faisant la queue sûrement depuis des heures voire des jours. C'est comme si, et c'est sûrement le cas, un pays entier tentait de passer en même temps une frontière. On se dit d'abord qu'il y a une file spéciale touristes et qu'on ne va pas devoir faire 2 jours de queue et finissons par trouver l'entrée. Le policier qui s'y trouve ne veut rien entendre, il faut faire la seule et unique queue. On est encore un peu décalqués donc on ne lutte pas et essayons déjà de trouver le bout de la file. Impossible, des gens partout, il n'y a ni début ni fin, c'est l'enfer migratoire ici.
On hésite même à ce moment à revenir à Quito prendre un vol mais on se rappelle – et comprenons maintenant pourquoi – que tous les vols (super chers) sont full pour les 10 jours à venir, shit !! Il fait froid, on est claqués, pas possible de faire cette queue de l'enfer, on retourne voir le policier à l'entrée.
On invente avoir un avion à prendre, il nous demande les boarding pass, on dit l'avoir seulement dans nos mails et qu’on n'a pas de connexion, il nous indique un point wifi pas loin… aïe aïe aïe, on négocie, on supplie et il finit par nous demander nos passeports puis nous laisse entrer dans le poste. J'avoue que sur ce coup on ne demande pas notre reste et ne nous retournons pas de peur de provoquer une émeute mais nous n'aurions pas survécu à 2 jours dans le froid sans bouffe et surtout sans un minimum de préparation psychologique… D'autant qu'habituellement dans ce pays, ils savent bien distinguer les touristes des locaux lorsqu'il s'agit de nous faire payer plus cher. Rien que dans la mini queue dans le poste, on attend plus d'une heure, on n'imagine même pas la file interminable à l'extérieur.
Notre – très - précieux tampon de sortie d'Equateur en poche, on se hâte de passer un pont sans nous retourner et arrivons à la douane Colombienne. Et RE-BELOTTE !! C'est pas vrai !!! Encore des milliers de migrants faisant la queue ! On retente de passer direct, le policier à l'entrée refuse catégoriquement… Nan mais sérieux c'est quoi cette frontière infernale ?!!! On tente de voir l'étendue de la file, 1 jour d'attente, non merci ! On retourne à l'entrée, un autre policier qui voit notre air mi furieux mi désespéré nous laisse entrer, alléluia !! Re 1h30 de (mini) queue où on discute avec un Vénézuélien attendant depuis hier 22h son tampon. Il nous change quelques dollars contre des pesos colombiens au passage.
ENFIN le tampon d'entrée pour la Colombie « Bienvenido en Colombia » avec le grand sourire du douanier, l'enfer est-il derrière nous ?