Amazonie, Colombie
Debout à cinq heures, nous filons vers le fleuve. L'Amazone au lever du jour est une réelle splendeur. Encore embrumées, les eaux semblent mettre les barques de pêche en lévitation. Nous rejoignons l'autre rive. Nous sommes à la confluence de 3 pays. Le Brésil en aval, la Colombie au nord et, en face, le Pérou. Ce qui fait de nous, pour quelque temps, des clandestins
Avec leurs pirogues, les pêcheurs tirent les filets depuis la rive en un arc de cercle qui piège la multitude de poissons de ces eaux. Ceux que nous venons voir ne tardent pas á se montrer. D'abord un bébé puis sa mère. Nos premiers dauphins roses. Effectivement, il ont le ventre et le bec rose. Plus petits que nos dauphins communs, il sont aussi plus timides. Nous gardons nos distances. Bientôt deux autres individus les rejoignent. Les animaux tournent autour des filets. Ils semblent faire des aller retour sans pour autant s'approcher trop prêt des pêcheurs. Quelles sont leurs intentions?
Nous quittons avec peine le petit groupe. Nous rentrons pour avaler un petit déjeuner avant de repartir en forêt, direction la communauté voisine del Progreso. Une communauté indigène Ticouna. Nous y sommes chaleureusement accueillis par Dalvis, le Cassic ( grand chef ) du village et son épouse Angela. Ils sont du clan Jaguar, le clan le plus fort et grand de la tribu, respecté par tous, chaque clan est représenté par soit un animal, oiseaux,ou plante . Chaque clan familiale peut être de 50 à plus de 100 membres. Il y a beaucoup, beaucoup d'enfants. Par contre, depuis la nuit des temps, ils leur est interdit de se marier entre membres du même clan. Ici pas de consanguinité.
Les Ticunas sont présents au Brésil et au Pérou , ils se retrouvent tous en général une fois par an, à l occasion d une grande fête qui est donné lorsqu une jeune fille du clan a ses premières règles. Pour eux c'est la plus grande fête, pour la jeune fille nettement moins, mais c'est un rituel obligatoire sans violence pour la jeune fille, si ce n'est l interdiction de voir et de parler aux personnes pendant les 3 jours de fête, se faire couper les cheveux, et badigeonner entièrement de peinture noire naturelle et de plumes d oiseaux et rester debout sans bouger 24h00, recouverte d'un drap. Après cela c'est une femme prête pour donner la vie.
Après un petit tour de la communauté, Nat est embauchée à la cuisine. Pour ma part, je reste à discuter avec les hommes. Préoccupation première de la communauté, l'eau potable, la santé puis l'éducation. Des sujets, pour nous, si banals. Le quotidien des habitants se partage entre pêche, agriculture, chasse et un peu d'artisanat vendu à Leticia, seulement accessible en bateau. Pour se mettre à l'abri des crues, les villages sont parfois à plusieurs kilomètres de l'Amazone alors qu'en hiver il est au pieds des maisons. Marche obligée sous un soleil harassant avec parfois des chargements imposants car sorti du fleuve, tout se faità pieds.
Après un excellent repas de poissons, nous nous initions á un peu d'artisanat. Fabrication de bracelets en fibre naturelle et sculpture sur balsa dont le bois de palme pousse ici en abondance.
Journée riche en échange et en découverte tant nos cultures sont différentes.