David et Azul viennent nous récupérer dans un énorme 4x4. Il va nous falloir rouler presque deux heures pour rejoindre l'autre versant du volcan. Nous avions le choix entre l'ascension, plutôt hasardeuse en cette période, du volcan et le sentier mythique des Quetzals. Le camion nous pousse au plus loin sur un sentier défoncé et caillouteux au possible.
Nous partons donc avec Azul, sac à dos, et un poncho qui nous servira forcément à un moment de la journée. Avant même d'atteindre l'entrée du parc national, notre guide nous montre l'étendue de ses connaissances. Botanique et ornitho. C'est bon, il connait son affaire. La cabane qui marque l'entrée de la réserve est fermée. Bon, on l'avait lu. Parfois on paie un droit d'entrée, parfois non. A droite, le cero Baru est à 3500 mètres. C'est le point culminant du Panama. Nous démarrons 1000 mètres plus bas, depuis la station del Respingo. La végétation, toujours aussi exubérante, nous offre ici un festival coloré de fleurs en tout genre. La première partie de la rando se fait à flanc de montagne. Avec vue sur un panorama simplement fantastique. Les nuages s'accrochent au volcan et les vallées et canyons en contre bas arborent toutes les teintes de vert.
Nous sommes au niveau de la canopé et nous progressons sans bruits en nous arrêtant régulièrement pour identifier, une fleur ou le chant d'un oiseaux. De temps en temps des cohortes de passereaux croisent notre chemin. A chaque fois, ces petites troupes, d'une cinquantaine d'individus de plusieurs espèces nous encerclent comme si nous n'existions pas, jusqu'à s'approcher à moins d'un mètres. Ici, c'est la rain forest. Une forêt ou il pleut souvent. C'est un euphémisme. Nous nous enfonçons dans une épaisse végétation. Il est toujours aussi impressionnant de voir cette accumulation végétal. Les arbres sont difficilement identifiables tellement ils sont recouverts d'autres végétaux. Dans cette entrelacs difficile de repérer autre chose que des plantes.
Azul nous montre discrètement, en souriant, le couple d'oiseaux posé à une trentaine de mètres. Ce sont des quetzals. Immobiles, silencieux. Malgré leurs couleurs resplendissantes, ils sont invisibles pour qui n'a pas le coup d’œil. Le mâle, tête hirsute, a deux grandes plumes caractéristiques dans se servaient les indiens pour orner leurs parures. Nous avançons sur un sentier de plus en plus difficile. Ici le bois mort n'est pas la fin de l’arbre. Des troncs énorme, encore droit où couchés supportent mousses, lichen, champignon,épiphytes,fougères et ce n'est que la partie visible. Ça pourrait être ça la forêt primaire. Nous faisons une pause sur un promontoire rocheux en compagnie d'un couple de Québequois qui fait le chemin dans l'autre sens.
Nous poursuivons notre route en nous enfonçant encore plus profondément sous les arbres. Des lianes tombent des houppiers comme des haubans. Des bosquets de bambous entremêlent leurs cannes dans un tressage inextricable. On pourrait y faire une infinité de photos, passer des heures, des jours à admirer ce tableau naturel.
Il est 15h30. Nous sortons nos ponchos. Il nous reste une bonne heure de marche. Le sous bois se fait plus obscure. Le bruit des gouttes sur les feuilles couvre tout, seul le cri des singes hurleurs se détache de cette atmosphère étrange. Nous accélérons le pas car nous avons 2 rivières à traverser. La boue nous remplit les chaussures et c'est avec un certain soulagement que nous retrouvons David qui nous attend au bout de la piste. Nous arrivons au gîte à la nuit. Trempés, crevés mais heureux de cette fantastique journée.