Levé 3h30. Nous traversons la mangrove de nuit à la frontale. Concentrés sur nos pas entre gadoue et planches de bois pourries. Une fois au ponton, nous nous installons en attendant la lancha. La marée est basse. Sans lumière, la forêt prend une autre dimension. On reconnait le chant de quelques rapaces nocturnes, des grenouilles et surtout d'une population invisible à l'affût dans le lit du fleuve. Nous sommes blottis là, sous les étoiles au milieu de nul part. Nous allons quitter Rutillio et sa famille non sans une petite émotion. Leur sincère générosité, leur envie et leur fierté de faire découvrir, sans folklore, leur culture et la réalité de leur quotidien nous ont profondément touché. En 4 jours nous avons pris conscience de l'océan qui nous sépare. Nous rêvons de nature, il ne rêvent que de ville. Nous avons souffert des conditions spartiates. Sans eau courante, sans électricité, au milieu d'une horde d'insectes qui ne pensaient qu'à nous dévorer. Nos rudiments d'Espagnol ont suffit à alimenter des échanges riches et parfois drôle, sans tabous
Une heure plus tard, un énorme phare nous éblouit, c'est la pirogue. Le niveau de l'eau à monté et nous sautons à bord rejoindre la dizaine de passagers endormis. A l'avant du canot, un homme fait la vigie. Le fleuve charrie encore et toujours une quantité incalculable de bois. Des troncs de la taille d'une voiture flottent entre deux eaux. Un pilotage tout en finesse qui se fait à deux. Le jours se lève lentement. Nous apercevons les contours des arbres, puis la mer, puis les couleurs, un moment unique emmitouflés dans nos gilets. Après 3 heures de tape cul nous retrouvons la terre ferme. Puerto Quimbas, le ballet des bus, les check point. Nous sommes rodés. Notre minibus nous ramène à Panama à fond de train. Au mépris de toutes les règles de conduite. Autant fermer les yeux. Nous retrouvons notre B&B. Nous dévorons un maxi plat viandes, pomme de terre et riz. Nous vidons nos sacs dans la machine à laver et on fonce à la douche et au lit.