Après un petit déjeuner d'oeufs et de beignets, nous partons pour une longue randonnée avec Rutilio et Georges, l'un de ses fils. Nous remettons nos fringues encore humides de la veille.
Les Embera ouvrent et ferment la marche, machette à la main. Direction le Cerró De Badres. Nous sommes en pleine réserve indigène. Je demande à Rutilio ce qu'il pense de ce terme de réserve. Il m'explique que c'est une bonne chose car il doit être pris au sens de propriété ce qui leur permet de protéger la forêt. Les groupes Emberas comme les autres peuples forestiers, étaient auparavant des semi nomades. Ils s'installaient environ un ans le long d'un cours d'eau, défrichaient quelques carrés pour cultiver le maïs et le plantain. Pêcher et élever quelques animaux avant de se déplacer de quelques dizaines de kilomètres. Ils se sont sédentarisés depuis quelques dizaines d'années mais il reste encore quelques communautés nomades au plus profond de la forêt. Le sentiers que nous empreintons est une ancienne voie de communication entre villages. En 4 jours, nous pourrions être à la frontière Colombienne ! Le chemin se fait de plus en plus étroit, de moins en moins bien tracé. De nombreux arbres nous coupent la piste que Rutilio nous réouvre au coupe coupe qu'il manie avec une précision et une efficacité redoutable. Des branches de 10 cm sont abattues mais jamais plus qu'il ne faut. Régulièrement, il marque le chemin d'une petite coupe dans un tronc remarquable ou en pliant une branche, une feuille. Son œil et ses oreilles sont en éveil et nous nous arrêtons pour voir ici un oiseau, un papillon, un insecte ou goûter une plante médicinale. Il est chez lui. Le village où nous logeons, la Chunga, est le nom d'un palmier, couvert d'aiguilles dont se servent les indigènes pour la construction, les toitures et pour la fabrication de cordages. Au cœur de cette forêt nous croisons des arbres pluri centenaires mais aussi des brouissailles inextricables. Nous pistons un temps, une famille de cochons sauvages, nous les entendons mais impossible de les voir. Après plus de 3 heures, nous arrivons aux pieds d'un raidillons. J'escalade seul avec Rutilio. Sur le plateau. Deux grands arbres marqués de signes très anciens. Une impression étrange d'être hors du temps.
Il nous faudra plusieurs heures pour rentrer au village encore une fois bien trempés et crottés. Après un déjeuner goûter rapide il est 16h, nous sommes sollicites par les enfants pour aller à la baignades. Une piscine naturelle à deux pas du village. Puis nous sortons notre jeu de cochons. L'occasion de partager un bon moment avec les enfants de Rutilio.