Le taxi nous dépose à l'aéroport d'Albrook. D'ici partent les vols nationaux en direction des villages les plus reculés, inaccessibles par la route. Nous y retrouvons les 5 autres voyageurs avec qui nous allons partager cette expédition sur les San Blas. 5 français qui ne se connaissaient pas avant d'arriver au Panama. Nous voilà donc rassurés sur le fait d'intégrer un groupe constitué. Nous faisons aussi la connaissance de Gladys , la femme de Natcho, la personne qui nous accueillera en territoire Gunas/ kuna yala. Avec le pilote, nous sommes 10. Nous sommes dubitatifs quand nous voyons l'avion qui doit nous transporter. D'autant que la météo annonce de nombreux orages entre nous et notre destination. Après deux heures d'attente, nous avons enfin l'autorisation de décoller. Tout le monde entassé dans le coucou. J'ai la chance de prendre la place du co-pilote. Pas vraiment rassurant. Un moteur qui peine à démarrer, des instruments de vol hs ou déréglés. Finalement, le vol se passe sans encombres avec, en prime, un survol du Darien et de la zone dans laquelle nous étions la semaine passée.
Nous sommes accueillis par Natcho, un petit bonhomme tout en nerfs et Brunella, notre traductrice. Au contraire des autres villages du Guna Yala ( territoire de la communauté Guna), Pueblo Obaldia est un village afro antillais. Saleté et pauvreté visible, nous avons le même spectacle rencontré un mois plus tôt dans l'archipel de Bocas del Toro. Premier déjeuné tous ensemble mais surtout passage chez les militaires qui contrôlent cette frontière particulièrement poreuse. Nous montrons patte blanche. La lancha nous attend. En 15 minutes nous sommes au village voisin. Armila, village de 600 âmes dont prêt de la moitié d'enfants. Un bourg constitué de cases aux toits de palmes borde la plage. Les déferlantes rendent difficile l'accostage et il faut toute l'habileté du capitaine pour entrer dans le rio, plus calme. Sur la plage, des dizaines de femmes s'affairent à nettoyer les déchets rejetés par la mer. On sent déjà le poids de la communauté. Image saisissante de ces tenues colorées pendant que des enfants jouent dans la rivière au fort courant. Les Gunas sont résolument des marins.
Nous déposons nos sacs dans les cabanes qui nous serviront de logement ces deux premiers jours. Rudimentaire mais suffisamment confortable.
Natcho est un personnage haut en couleur. Instruit, respecté dans sa communauté, il est aussi fortement engagé au sein des instances politiques. Il nous explique l'histoire et le fonctionnement du village. Les Gunas étaient un peuple nomade venu de Colombie et plus largement d'Amazonie. Ils ont peu à peu délaissé la forêt pour la mer, et les îles. Souvent pour des raisons sanitaire. Dans ces zones de forêts marecageuses, la malaria fait des ravages. La communauté est très structurée. Si les attributions de chacun sont assez universelles, les femmes à la maison et les hommes au champ. la parole de chacun est respecté et le pouvoir des femmes est bien réel.